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Le chercheur en sciences politiques Ben Lorber a révélé, dans une tribune publiée par The Hill, des fissures profondes au sein de la droite américaine pro‑Israël. Selon lui, l’antisémitisme n’est plus discret dans certains courants conservateurs : il est désormais visible et ouvertement exprimé.
La polémique autour de Tucker Carlson et Nick Fuentes
Tout a commencé, explique Lorber, lorsqu’un nationaliste blanc, Nick Fuentes, a été invité la semaine dernière sur le plateau de Tucker Carlson pour débattre de questions liées à Israël et aux organisations juives.
La diffusion de cet entretien sur Fox News a déclenché un large débat au sein des milieux conservateurs sur la question suivante : faut‑il accueillir des figures comme Fuentes sous l’aile du mouvement MAGA ?
Défense et divisions au sein de la droite conservatrice
La controverse s’est aggravée quand Kevin Roberts, président du think tank conservateur Heritage, a pris la défense de Carlson. Roberts a appelé à débattre plutôt qu’à exclure Fuentes, et a affirmé que la loyauté devait primer « Christ d’abord, Amérique toujours » sur un soutien automatique à Israël.
Plusieurs observateurs ont considéré les propos de Roberts comme teintés d’une rhétorique correspondant à l’idée d’un « lobby sioniste mondial » — une expression souvent identifiée à de l’antisémitisme.
Heritage et le projet « Estier »
L’auteur note l’ironie de la position actuelle de Heritage, qui, il y a un an, avait lancé un projet nommé « Estier » visant à utiliser le pouvoir de l’État pour réprimer les activités pro‑palestiniennes sous l’ère Trump.
Le projet visait notamment à sanctionner des universités et des organisations accusées de soutenir la cause palestinienne, et s’inscrivait dans une stratégie plus large de pression sur les défenseurs de Palestine.
Pour en savoir plus sur le projet : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2025/3/28/%D8%A5%D8%B3%D8%AA%D9%8A%D8%B1-%D9%85%D8%B4%D8%B1%D9%88%D8%B9-%D9%84%D9%82%D9%85%D8%B9-%D8%A3%D9%86%D8%B5%D8%A7%D8%B1-%D8%A7%D9%84%D9%82%D8%B6%D9%8A%D8%A9
Actions de l’ère Trump et refus d’élargir la cible
Lorber rappelle que l’administration Trump a mis en œuvre plusieurs des objectifs de cette stratégie : arrestations d’activistes, pression sur les universités et menaces juridiques ou fiscales envers les organisations pro‑palestiniennes.
Parmi les cas cités figure l’arrestation d’activistes comme Mahmoud Khalil. Détails : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2025/3/13/%D9%85%D8%AD%D9%85%D9%88%D8%AF-%D8%AE%D9%84%D9%8A%D9%84-%D8%A3%D9%88%D9%84-%D8%B6%D8%AD%D8%A7%D9%8A%D8%A7-%D8%AA%D9%87%D8%AF%D9%8A%D8%AF%D8%A7%D8%AA-%D8%AA%D8%B1%D8%A7%D9%85%D8%A8
Toutefois, à l’époque, les partisans du projet refusaient d’inclure la lutte contre l’antisémitisme d’extrême droite dans leurs priorités, arguant que la principale menace venait seulement de la gauche.
Un retournement d’alliances et des partenaires juifs inquiets
La situation a évolué : certains rabbins et partenaires juifs impliqués dans « Estier », comme Jacob Menken, ont exprimé leur mécontentement face à l’alignement de Heritage avec des personnalités à tendance antisémite.
Des leaders sionistes chrétiens et des acteurs comme Luke Moon (projet « Philos ») ont aussi fait part de leur inquiétude quant à la perte d’influence au sein de l’échiquier conservateur, alors que les critiques du soutien américain à Israël se multiplient depuis les attaques du 7 octobre 2023.
Pour le contexte historique de l’alliance entre Washington et Tel‑Aviv : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2023/10/13/%D9%85%D8%AF%D9%8A%D9%86%D8%A9-%D8%AA%D9%84-%D8%A3%D8%A8%D9%8A%D8%A8-%D9%85%D9%86-%D8%AD%D9%8A-%D9%84%D9%84%D9%8A%D9%87%D9%88%D8%AF-%D8%A5%D9%84%D9%89-%D8%B9%D8%A7%D8%B5%D9%85%D8%A9
Analyse : l’antisémitisme dans le creuset de la droite radicale
Selon Lorber, l’alliance trilatérale — Israël, la droite juive et la droite chrétienne américaine — reposait en partie sur une confusion entre critique d’Israël et antisémitisme. Cette confusion a servi à bâillonner les voix dissidentes et à restreindre les libertés académiques et politiques.
Avec la montée du nationalisme blanc, l’auteur observe un effritement interne : l’antisémitisme s’inscrit naturellement dans un terrain où pullulent aussi le racisme anti‑Noirs, la xénophobie et l’homophobie.
Les statistiques montrent que la majorité des crimes haineux de la dernière décennie ont été commis par des partisans de l’extrême droite : https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/11/30/%d8%a7%d9%84%d9%8a%d9%85%d9%8a%d9%86-%d8%a7%d9%84%d9%85%d8%aa%d8%b7%d8%b1%d9%81
Conséquences politiques et sociétales
Lorber avertit que des figures comme Fuentes réhabilitent de vieux mythes conspirationnistes sur un prétendu complot juif derrière le progrès ou le soutien américain à Israël. Ces récits nourrissent les mouvements autoritaires depuis plus d’un siècle.
Le phénomène est déjà observable dans des événements récents où des étudiants accusent Israël de contrôler Trump ou présentent le judaïsme comme oppresseur du christianisme — signes d’une érosion de la dimension juive du récit des « valeurs judéo‑chrétiennes ».
En somme, l’adoption par une frange dure de la droite d’un discours anti‑juif met en danger non seulement la sécurité des communautés juives, mais aussi la cohésion démocratique américaine.