Après Los Angeles, Washington et Chicago, La Nouvelle-Orléans devient la nouvelle cible de l’ICE, la police fédérale de l’immigration. Le secrétariat à la sécurité intérieure a annoncé, mercredi 3 décembre, une opération d’arrestations visant des immigrés en situation irrégulière décrits comme des criminels dans la métropole de Louisiane. Cette initiative est présentée comme une réponse à des accusations de non-coopération des autorités locales démocrates avec les services migratoires. Elle s’inscrit dans une série d’interventions coordonnées par le gouvernement fédéral autour de la politique migratoire actuelle.
Donald Trump a réitéré mardi son intention d’envoyer les forces de la garde nationale à La Nouvelle-Orléans, comme il l’a déjà faite à Los Angeles, Washington et Memphis. Il affirme que ces renforts sont nécessaires pour lutter contre la criminalité et pour soutenir l’ICE. Il affirme également avoir reçu un appel du gouverneur républicain de Louisiane, Jeff Landry, indiquant que l’aide serait fournie d’ici deux semaines. La secrétaire à la sécurité intérieure, Kristi Noem, a évoqué sur X que l’opération viserait les « pires des pires » immigrés de La Nouvelle-Orléans.
Le secrétariat a précisé, dans un communiqué, que l’opération visait des immigrés en situation irrégulière criminels en liberté. Cette formulation met en cause la politique dite de sanctuaire adoptée par les autorités démocrates de La Nouvelle-Orléans. Un photographe de l’Agence France-Presse sur place a assisté à plusieurs arrestations, décrites comme parfois tendues, dans le cadre de ces opérations. Les équipes de terrain indiquent viser des personnes susceptibles d’être impliquées dans des activités criminelles.
Selon les responsables fédéraux, ces actions doivent permettre d’intervenir auprès d’immigrants en situation irrégulière impliqués dans des activités criminelles, en lien avec les priorités affichées par l’administration actuelle. Les autorités évoquent une distinction entre sanctuarisation et coopération, soutenant que les protections juridiques ne doivent pas freiner les enquêtes et les arrestations. Ces arguments accompagnent l’annonce d’opérations coordonnées dans plusieurs villes démocrates. Le récit officiel affirme que l’objectif est d’améliorer la sécurité publique en ciblant les personnes concernées.
En parallèle, un photographe de l’AFP sur place a assisté à des arrestations et a décrit des échanges parfois tendus lors de ces interventions.
Les « criminels » ultraminoritaires parmi les personnes arrêtées
Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité, évoquant une « invasion » des États-Unis par des « criminels venus de l’étranger ». Son administration affirme associer systématiquement criminalité et immigration et vise « les pires des pires » immigrés ayant commis des délits. Des chiffres non publiés des services d’immigration relayés par des experts du Cato Institute indiquent que seulement environ 5 % des personnes détenues depuis le début de l’année fiscale ont été condamnées pour violence, et près de 70 % n’ont aucune condamnation. Le ministère de la Sécurité intérieure conteste ces chiffres, affirmant que 70 % des arrestations concernent des étrangers en situation irrégulière criminels accusés ou condamnés.
À Chicago, dans le nord du pays, un juge fédéral a ordonné la libération sous caution de plus de 400 personnes arrêtées par l’ICE en novembre; la décision a été suspendue après appel. L’audience devant la cour d’appel s’est tenue mardi, mais aucune décision n’a été rendue dans l’immédiat. D’autres affaires similaires ont été signalées, alimentant le débat sur les méthodes employées.