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Il y a 20 ans, le 22 novembre 2004, un demi-million de personnes se rassemblaient place de l’Indépendance à Kiev, la capitale ukrainienne, pour s’opposer à ce qu’ils considèrent comme un résultat électoral truqué. La foule protestait contre l’élection de Viktor Ianoukovitch, soutenu par Vladimir Poutine. Cet événement marquera le début de la « Révolution Orange », un tournant dans l’histoire ukrainienne qui fera émerger Viktor Iouchtchenko au pouvoir et amorcera un rapprochement entre l’Ukraine et l’Occident.
Le soutien international à la Révolution Orange
La Révolution Orange bénéficie du soutien de nombreux gouvernements européens et des États-Unis, ainsi que de certaines ONG occidentales qui financent l’organisation de l’opposition. Cet événement illustre la lutte d’influence entre l’Occident et Moscou en Ukraine, posant ainsi les bases du conflit actuel. Françoise Thom, historienne spécialiste de la Russie postcommuniste, nous explique comment cette révolution a influencé le conflit russo-ukrainien.
Un contexte politique tendu
Poutine a été réélu triomphalement en mars 2004, pensant pouvoir appliquer en Ukraine les mêmes stratégies électorales qu’en Russie. Son objectif était de faire élire Viktor Ianoukovitch, soutenu par le Kremlin. Face à lui, Viktor Iouchtchenko, un candidat pro-occidental. Le 21 novembre 2004, Poutine félicite Ianoukovitch avant même l’annonce des résultats, provoquant une contestation massive de l’opposition qui dénonce des fraudes. Les Ukrainiens descendent dans la rue, ce qui marque le début de la Révolution Orange. Le parlement ukrainien demande l’annulation des résultats et un nouveau vote est organisé le 26 décembre, où Iouchtchenko l’emporte avec 52 % des voix.
Les promesses de la Révolution Orange
La Révolution Orange a apporté un certain nombre de changements culturels, l’Ukraine s’étant rapprochée de l’Union européenne et de l’OTAN. Cependant, les aspirations de la population à la lutte contre la corruption n’ont pas été pleinement réalisées. Les Ukrainiens ont été déçus par le gouvernement Iouchtchenko, jugé trop faible face à l’influence persistante des oligarques, souvent manipulés par Moscou.
L’invasion de 2022 et ses racines
L’invasion de l’Ukraine en 2022 s’inscrit dans un contexte où Poutine considère la Révolution Orange comme un affront. Cet échec a entraîné un changement dans la politique étrangère russe, devenant plus anti-occidentale, avec un tournant vers le séparatisme en Ukraine. La Crimée est annexée en 2014, marquant le début d’un démantèlement de l’État ukrainien, suivi par l’indépendance de la République de Lougansk et les hostilités qui s’ensuivent.
Influence de l’UE et des États-Unis dans la rhétorique de Poutine
Les Européens et les ONG occidentales ont joué un rôle significatif dans la Révolution Orange. Cela a fourni à Poutine un argumentaire pour justifier ses actions, alimentant une vision complotiste en Russie. Poutine perçoit les Ukrainiens comme des Russes, arguant que la nation ukrainienne est une invention occidentale.
Les aspirations ukrainiennes antérieures à 2004
Les aspirations occidentales des Ukrainiens ne sont pas nouvelles, elles remontent à l’époque de l’URSS, notamment sous Gorbatchev, suivies d’un rejet des dérives du régime post-soviétique. Ces aspirations ont toujours existé et se sont accentuées avec le temps.
Une Révolution Orange inachevée
Les objectifs de la Révolution Orange ne sont pas complètement atteints. La guerre actuelle a mis en pause l’évolution politique en Ukraine, les priorités ayant changé vers la survie en tant que nation. Une fois la paix rétablie, l’Ukraine pourra espérer poursuivre son chemin vers un état de droit, l’éradication des oligarques et l’établissement de tribunaux indépendants.