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Le sacre de Charles X, célébré le 29 mai 1825 à Reims, était prévu pour marquer son bicentenaire en 2025 par une grande exposition à la Galerie des Gobelins, à Paris, ainsi qu’un défilé lors des Fêtes johanniques à Reims. Toutefois, cette commémoration est assombrie par les controverses entourant une ordonnance signée par Charles X le 17 avril 1825, qui reconnaissait l’indépendance d’Haïti en échange, notamment, d’une indemnité énorme de 150 millions de francs-or, soit environ 600 millions d’euros aujourd’hui.
Un contexte budgétaire chargé en 1825
Le début de l’année 1825 fut intense du point de vue financier en France. Le sacre de Charles X devait impressionner l’Europe entière, nécessitant des dépenses importantes telles que les déplacements royaux, la rénovation du palais du Tau à Reims et la fabrication des insignes. Pour éviter toute accusation de dépenses ostentatoires, le roi demanda aux Chambres un budget dit « modeste » de 6 millions de francs-or, équivalent à environ 24 millions d’euros.
À titre de comparaison, les historiens estiment que le produit intérieur brut (PIB) de la France à cette époque avoisinait les 10 milliards de francs-or, soit environ 40 milliards d’euros. Ce budget représentait donc une part significative des finances publiques, comparable au coût initial estimé des Jeux olympiques de Paris 2024, évalué à 1,5 milliard d’euros en 2018.
Des coûts réels bien supérieurs aux prévisions
Comme pour les Jeux olympiques contemporains, les dépenses liées au sacre dépassèrent largement les prévisions initiales. Nombre de frais furent finalement pris en charge indirectement par les budgets des différents ministères. Par ailleurs, l’événement bénéficia de plusieurs dons privés, notamment de la part des émigrés.
Durant la Révolution française, de nombreux aristocrates avaient fui le pays, leurs biens ayant été confisqués et revendus. Avec la Restauration, Louis XVIII proposa le 23 mars 1824 d’indemniser ces émigrés, ce qui contribua à alimenter les flux financiers liés à ces événements.
Un héritage financier et politique complexe
La reconnaissance de l’indépendance haïtienne en 1825, sous la forme d’une compensation financière colossale, illustre les tensions persistantes entre obligations historiques, justice et gestion budgétaire. Cette « double dette » d’Haïti envers la France reste une séquelle du traumatisme lié à l’esclavage et à la traite négrière.
Cette décision du roi Charles X met en lumière les défis de la transparence et de la rigueur dans la gestion des finances publiques françaises, un enjeu toujours d’actualité deux siècles plus tard.