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Enquête ouverte contre l’ancien Premier ministre tchadien Soksi Masra
Le parquet du Tchad a annoncé vendredi l’ouverture d’une enquête à l’encontre de l’ancien Premier ministre et figure majeure de l’opposition, Soksi Masra. Cette décision fait suite aux violents affrontements survenus récemment dans le pays, ayant causé la mort de dizaines de personnes, principalement des femmes et des enfants, dans la région du Logone, au sud-ouest.
Le procureur général, Omar Mohamed Kidlay, a précisé que la police judiciaire avait arrêté Masra tôt vendredi matin à son domicile. Il est actuellement interrogé pour des accusations de provocation à la haine et à la désobéissance, complicité de meurtre et violation de sépultures.
Réactions et contestations du parti de Soksi Masra
Le gouvernement n’a pas encore fait de déclaration officielle, mais le parti Les Transformateurs, dirigé par Masra, rejette fermement ces accusations.
Sittak Yombatina, membre du parti, a déclaré à l’agence Reuters que Masra ne peut être tenu responsable de l’incapacité des autorités à maîtriser les conflits communautaires. Il a accusé le gouvernement de chercher à fuir ses responsabilités.
Un autre membre, Ndoulmbaï Sadi Ngissada, a affirmé que Masra avait été « kidnappé » par les forces de sécurité. Sur Facebook, il a publié une vidéo montrant des hommes armés en uniforme militaire escortant Masra hors d’un immeuble résidentiel.
Contexte des violences et implications politiques
Selon le parquet, les enquêtes préliminaires établissent un lien entre Masra et les violences du mercredi précédent, qui ont fait 42 morts. Des messages incitant la population à prendre les armes contre un groupe social spécifique dans la région ont circulé, notamment sur les réseaux sociaux.
Masra est l’un des principaux opposants au président Mahamat Idriss Déby, qui a pris le pouvoir après la mort de son père, le président Idriss Déby, en 2021 lors d’une opération militaire dans le nord du pays.
Masra avait été nommé Premier ministre en janvier 2024 dans une tentative de calmer l’opposition avant les élections. Selon les résultats officiels, Mahamat Idriss Déby a remporté les élections avec 61 % des voix.
Cependant, Masra a contesté la transparence du scrutin, s’est proclamé vainqueur avant la publication des résultats officiels et a accusé les autorités de fraude. Il a finalement démissionné avant l’investiture officielle de Déby.
Conséquences potentielles sur la liberté politique au Tchad
Des observateurs craignent que cette procédure judiciaire contre Masra n’entraîne un resserrement supplémentaire des libertés politiques dans le pays. Le Tchad est régulièrement accusé de réprimer les manifestations et de restreindre la liberté des médias.
Le président tchadien Mahamat Idriss Déby lors du sommet de la Francophonie, Paris, octobre 2024.