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Les archives de guerre aux Pays-Bas suscitent un débat intense, suite à la publication d’une liste de 425 000 Néerlandais ayant été « examinés pour collaboration » avec l’occupant allemand. Ce document provient du Centraal Archief Bijzondere Rechtspleging (CABR) et a généré frustration et indignation, en révélant des noms sans fournir le contexte nécessaire à leur évaluation.
La Frustration face à la Liste Publiée
Lex Runderkamp, documentariste, souligne que « chaque boîte d’archives évoque de la colère, de la honte, du soulagement, de la tristesse ou de la frustration ». La publication de cette liste a provoqué une onde de choc, car elle a été diffusée sans que les dossiers correspondants, qui auraient dû être publiés en même temps, soient accessibles. Les dossiers originaux, qui pourraient clarifier la situation, ne sont disponibles qu’en version papier au National Archive à La Haye, avec des délais d’attente de plusieurs mois.
La Protection de la Vie Privée
La situation a été compliquée par une intervention du ministre Eppo Bruins, qui, sur les conseils de l’Autorité de Protection des Données, a décidé de retirer les documents en ligne pour protéger la vie privée de certaines personnes potentiellement encore vivantes. Charles Jeurgens, professeur d’études archivistiques à l’Université d’Amsterdam, avait déjà alerté sur ce risque dans une ‘évaluation des risques’ qu’il avait réalisée pour le National Archive.
Vers une Nouvelle Approche des Archives
Jeurgens espère que cette crise entraînera une accélération dans l’adoption d’une nouvelle loi sur les archives, en discussion depuis 2021, qui devrait structurer l’accès aux documents. Cependant, il souligne que le problème des archives dépasse de loin cette seule affaire. La loi sur la divulgation des archives après 75 ans entre en conflit avec le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), qui reste applicable même après cette période.
Une Urgence Sociale
Selon le NIOD, institut d’expertise sur la guerre, l’urgence sociale est telle que les dossiers doivent être mis en ligne rapidement. Lors d’un débat au parlement, le ministre Bruins a essuyé de vives critiques concernant cette situation chaotique. Des voix s’élèvent également pour suggérer de ne pas rendre les archives accessibles au public, craignant que cela ne mène à un « tourisme judiciaire ».
Propositions pour l’Avenir
Jeurgens propose de rendre l’accès aux archives plus progressif, par exemple en installant des terminaux de recherche dans divers lieux à travers le pays, afin de servir l’intérêt éducatif tout en régulant l’accès aux informations sensibles. Le CABR, qui regroupe environ deux cents archives, présente naturellement des erreurs et des incohérences, reflétant la confusion de cette période historique.

Bien que des travaux considérables aient été réalisés pour ouvrir ces archives, des parties restent encore inaccessibles, comme l’archive de la Croix-Rouge, tandis que certains documents sur les procès d’après-guerre sont déjà disponibles dans les archives de journaux. La prise de conscience des biais et de l’origine des informations archivées est essentielle pour éviter des conclusions hâtives.