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<h2>Le Hajj par procuration, solution des Libanais pour le pèlerinage</h2>
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<p><strong>BEYROUTH</strong> – Avec une profonde tristesse, Hanan Khalil exprime à Al Jazeera son incapacité à accomplir le [Hajj](https://fr.wikipedia.org/wiki/Hadj), malgré son âge avancé de près de 80 ans. Elle a passé des années à économiser de l’argent, mais elle ne peut désormais plus effectuer ce devoir religieux. « Mon âme aspire au Hajj, mais mon corps ne peut plus supporter sa difficulté, » dit-elle.</p>
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<p>Hanan Khalil, âgée de 76 ans, a décidé de déléguer quelqu’un pour accomplir le Hajj à sa place, une pratique courante parmi les familles libanaises. Dans ce contexte, une personne est mandatée pour effectuer les rites du Hajj au nom de quelqu’un d’autre qui ne peut le faire pour des raisons indépendantes de sa volonté. Cela permet à beaucoup de réaliser leur souhait de gagner des récompenses spirituelles en accomplissant cette obligation par procuration.</p>
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<p>La dame âgée explique qu’elle a pris cette décision par crainte de ne pas vivre assez longtemps pour accomplir le Hajj. « Personne ne sait quand sa vie se terminera, et je veux œuvrer pour mon au-delà et obtenir cette grande récompense, » ajoute-t-elle.</p>
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<p>Dans une autre instance, Ahmed Kabbalawi a décidé cette année d’envoyer un suppléant pour le Hajj au nom de sa mère décédée, en signe de piété filiale. Il a confié à Al Jazeera qu’il a fait cela pour respecter la volonté de sa mère décédée qui rêvait de faire le Hajj. Il espère que Dieu acceptera cet acte et qu’il sera compté dans les bonnes actions de sa mère.</p>
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<h2>Une pratique fréquente</h2>
<p>À l’approche de la saison du Hajj, de nombreux Libanais mandatent d’autres personnes pour voyager à leur place, en raison des difficultés qui les empêchent de se rendre à [La Mecque](https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Mecque) pour accomplir ce pilier essentiel de l’Islam.</p>
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<p>Hassan Diab, un des organisateurs de campagnes de pèlerinage, partage son expérience de réalisation du Hajj en tant que suppléant. Il reçoit de nombreuses demandes de personnes lui demandant d’accomplir le Hajj au nom de leurs parents ou de leurs proches décédés qui n’ont pas pu accomplir ce devoir religieux durant leur vie. Diab, en tant que guide pour ces campagnes, encourage cette pratique.</p>
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<p>Diab explique à Al Jazeera qu’il reçoit beaucoup de demandes de personnes souhaitant qu’il accomplisse le Hajj pour leurs parents âgés ou leurs proches décédés, incapables de le faire de leur vivant. Cette année, il effectuera le Hajj en tant que suppléant pour une personne décédée, une pratique qu’il a déjà réalisée plus de dix fois. Les gens délèguent le Hajj en raison de leur âge avancé ou de leur incapacité à accomplir les rites pour des raisons religieuses contraignantes.</p>
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<p>Concernant les coûts du Hajj par procuration, Ibrahim Antar, propriétaire de la campagne Al Muhajir pour le Hajj et la Umrah, précise que mandater quelqu’un pour effectuer le Hajj par procuration implique de couvrir l’intégralité des frais comme si l’on allait au Hajj soi-même, y compris les dépenses personnelles du suppléant. Si ce dernier a une famille, il faut également assurer ses dépenses pendant son absence.</p>
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<p>Antar note que certaines personnes et organisateurs de campagnes voient dans cette pratique une opportunité de réduire leurs propres frais, considérant que la personne suppléante ira de toute façon au Hajj, surtout si elle accompagne ou guide la campagne. Ils traitent donc cette question comme un commerce.</p>
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<h2>Régulations et Conditions</h2>
<p>Le cheikh Dr. Abdullah Bakri explique à Al Jazeera que le Hajj par procuration est appelé « la niyaba dans le Hajj » en jurisprudence islamique, ce qui signifie qu’un musulman adulte et sain d’esprit peut effectuer le Hajj pour un autre.</p>
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<p>Bakri précise que selon la majorité des juristes, la personne souhaitant effectuer le Hajj par procuration doit avoir accompli le Hajj pour elle-même auparavant. Cependant, l’école hanafite permet à une personne n’ayant pas encore accompli le Hajj de le faire pour un autre.</p>
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<p>Selon Bakri, deux conditions permettent de recourir à la niyaba dans le Hajj :</p>
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<li>Si une personne décède sans avoir accompli le Hajj.</li>
<li>Si une personne ne peut voyager et atteindre la Kaaba, notamment les malades incapables de voyager en avion ou en voiture.</li>
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<p>Concernant la récompense spirituelle, Bakri cite un savant antérieur, Saïd ibn al-Musayyib, qui, interrogé sur qui reçoit la récompense entre le suppléant et la personne pour qui il accomplit le Hajj, répondit : « Dieu donne la récompense à tous deux. » Cela signifie que le suppléant reçoit une récompense équivalente à celle de la personne qu’il remplace, partageant ainsi le mérite et les bénédictions.</p>
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<h2>Pas de chiffres précis</h2>
<p>À partir de début juin, la saison du Hajj de cette année a commencé avec les premiers vols entre Beyrouth et l’Arabie Saoudite. Le nombre de pèlerins est estimé à environ 7500 Libanais et Palestiniens réfugiés au Liban, avec un coût du Hajj variant entre 4800 et 6400 dollars.</p>
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<p>Concernant le nombre de Hajj par procuration au Liban, il n’existe pas de chiffres précis pour deux raisons : d’une part, chaque responsable de campagne connaît individuellement le nombre de pèlerins mandataires dans sa campagne ; d’autre part, nombreux sont ceux qui préfèrent effectuer le Hajj par mandataire sans l’annoncer publiquement.</p>
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