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Les forces de l’armée syrienne et les units de sécurité intérieure ont quitté aujourd’hui jeudi toutes les zones qu’elles avaient récemment investies dans la province de Soueïda, située dans le sud du pays. Ce retrait fait suite à un accord conclu entre le gouvernement et les chefs religieux druzes, marquant une étape importante pour la stabilité locale.
Selon l’agence de presse française, les forces gouvernementales ont reçu l’ordre de se retirer avant minuit et ont achevé leur retrait à l’aube. Parallèlement, des factions locales druzes ont commencé à prendre position dans les secteurs abandonnés par l’armée et les forces de sécurité.
Des sources locales ont confirmé que les groupes druzes se sont déployés dans les zones libérées, assurant ainsi le contrôle et la sécurité dans la région.
Un accord de cessez-le-feu et de surveillance conjointe
La veille au soir, le ministère de l’Intérieur, en collaboration avec le cheikh Youssef Al-Jarbou’, l’une des principales autorités spirituelles druzes à Soueïda, ont annoncé la conclusion d’un accord visant à instaurer un cessez-le-feu immédiat. Cet accord prévoit la suspension totale de toutes les opérations militaires dans la province.
Une commission de surveillance comprenant des représentants de l’État syrien et des chefs druzes a été mise en place pour superviser la mise en œuvre effective de cet accord.
Le directeur des relations publiques au sein du ministère de la Défense syrien, Adi Al-Abdallah, a confié à Al Jazeera que tant les chefs religieux druzes que l’État syrien garantissent le respect de cet engagement. Il a souligné la confiance placée dans le sérieux des chefs religieux et leur sens du devoir national.
Conformément au communiqué officiel du ministère de l’Intérieur, l’accord inclut également :
- L’arrêt immédiat et complet de toute activité militaire dans la province.
- Le déploiement des postes de contrôle de la sécurité intérieure et de la police sous l’égide de l’État syrien.
- La participation des forces policières locales originaires de Soueïda, dans le but de renforcer la sécurité et la protection des citoyens.
Réaction des autorités druzes et appel humanitaire
Après le départ des forces gouvernementales, un communiqué a été publié par le cheikh Hikmat Al-Hijri, une autorité religieuse druze éminente. Il a décrit la ville de Soueïda comme une « région sinistrée » nécessitant une attention urgente.
Le communiqué a appelé à l’ouverture d’un corridor vers les zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS), afin de faciliter les échanges et le déplacement des populations.
Un appel adressé au roi de Jordanie a également été lancé, demandant l’ouverture d’un point de passage frontalier entre Soueïda et la Jordanie. Cette mesure, selon le communiqué, revêt une importance humanitaire cruciale dans cette période critique.
Les autorités espèrent que des démarches rapides seront entreprises pour améliorer la communication et alléger les souffrances des habitants de la région.
Déclaration présidentielle et justification du retrait
Tôt jeudi matin, le président syrien Ahmad Al-Char’a a annoncé que des factions locales druzes ainsi que des leaders religieux seraient désormais responsables de la sécurité à Soueïda, à la suite de la mise en place du cessez-le-feu.
Dans ses explications, le président a précisé que ce retrait était motivé par une prise de conscience des risques majeurs menaçant l’unité nationale. Il a évoqué le danger d’un engrenage vers une nouvelle guerre à grande échelle, notamment après les frappes israéliennes ciblant plusieurs sites en Syrie, incluant Soueïda et Damas.
Le président a indiqué que le gouvernement faisait face à deux options :
- Engager une guerre ouverte avec l’État israélien, aux dépens de la sécurité et du bien-être de la communauté druze, tout en déstabilisant la Syrie et la région entière.
- Permettre aux notables et aux chefs druzes de retrouver leur raison et de privilégier l’intérêt national commun.
Cette décision reflète ainsi une volonté de préserver la stabilité nationale et d’éviter une escalade conflictuelle majeure.