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Le rôle du civil en Syrie : Vers une transition réussie
Dimanche dernier, la maison historique de Farhi Pacha à Damas a accueilli un débat public sur le rôle de la société civile dans la prochaine phase de la Syrie. Cet événement marque la première initiative de ce type depuis la chute du régime de l’ancien président Bachar al-Assad le 8 décembre dernier.
Les discussions ont porté sur la justice transitionnelle, les problèmes économiques structurels et l’expérience des organisations de la société civile durant les années de la révolution.
L’événement a été organisé par l’initiative « Civil », qui vise à renforcer l’efficacité politique de l’espace civil syrien, dans le cadre d’une série d’activités récemment lancées.
Justice transitionnelle
Le débat a été ouvert par Karam Nchar, directeur de la session et directeur exécutif du groupe médiatique République, qui a souligné l’importance de la phase de transition que vit la Syrie. Il a affirmé que le succès de cette transition signifie le passage des Syriens de la tyrannie à la démocratie, la pluralité et la participation, la qualifiant de « moment de libération et de partage ».
La conseillère juridique Jumana Seif a insisté sur la nécessité d’apprendre des leçons des expériences historiques en matière de justice transitionnelle, notant que presque toutes les crimes mentionnés dans le droit international ont été perpétrés contre les Syriens sous le régime déchu au cours des 53 dernières années.
Elle a souligné l’ampleur de ce dossier, car c’est l’État qui a exercé ces violations et crimes de manière systématique pendant des années. Elle a également insisté sur le rôle de la société civile dans l’atteinte de la justice transitionnelle en collaboration avec toutes les parties intéressées, tant internes qu’externes.
Suggestions de Jumana Seif
- Rassembler les documents disponibles auprès de toutes les parties, y compris ceux des prisons et des services de sécurité de l’ancien régime.
- Développer une répartition des rôles selon les compétences et l’expertise après avoir établi un plan global et une vision.
- Construire des institutions par le biais d’un dialogue syrien impliquant toutes les organisations de défense des droits, les juges, les avocats et les experts.
- Recourir à l’expertise internationale pour traiter ce « poids lourd » d’infractions et de crimes commis contre les Syriens.
Importance du rôle civil
Anas al-Rawi, directeur exécutif du Centre Hoz pour le développement communautaire, a partagé son expérience positive dans le travail civil dans les régions du nord de la Syrie, auparavant sous le contrôle de Gouvernement d’Incin. Il a noté qu’en 2017, la participation des femmes dans les activités du centre ne dépassait pas 8 % ; en 2023, elle a atteint 53 %.
Salma Sayad, membre du mouvement politique féminin et directrice de l’organisation culturelle Nisan, a également partagé des défis dans le cadre de son travail civil sous l’ancien régime, où l’exclusion systématique de ses collègues et les menaces d’arrestation étaient omniprésentes.
Elle a exprimé que son engagement venait de la volonté de démontrer la contribution de tous les Syriens, civils, politiques ou militaires, vers cette phase. « Il y a eu ceux qui ont travaillé dans des conditions de sécurité complexes, leur vie étant menacée, » a-t-elle ajouté.
Le rôle économique
Asaad Al-Ashi, économiste et président du conseil d’administration du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, a mis l’accent sur trois points principaux :
- Le système de redevances imposé par l’ancien régime au peuple syrien.
- Les politiques d’accaparement et le retrait des ressources des mains du peuple syrien.
- La privatisation de la production et l’établissement d’une capitalisme des copains, surtout sous le mandat de Bachar al-Assad.
Il a soutenu que la seule façon de changer cet « économie politique » est de « s’en tenir aux lois » jusqu’à ce que des corps légitimes soient établis, tout en insistant sur le rôle de la société civile dans la surveillance de la performance de l’autorité à ce stade de transition.
Al-Ashi a également souligné que la priorité devrait être accordée à la lutte contre la corruption et que la société civile devrait aider l’autorité à s’y atteler en produisant des rapports de transparence selon les normes de l’Organisation de transparence internationale.
Il a ajouté qu’elle devrait également stimuler l’économie en encourageant et en finançant des projets petits et en relançant la production pour développer les systèmes économiques actuels.
Perspectives d’avenir
Concernant la question de la responsabilité des figures du système ancien ou des hommes d’affaires qui en faisaient partie, Al-Ashi a déclaré qu’il est « nécessaire de faire la distinction entre deux types d’hommes d’affaires : ceux qui étaient partenaires avec le pouvoir et en bénéficiaient ne devraient pas être punis, tandis que ceux qui étaient produits par le pouvoir devraient l’être ».
Il a exprimé son indignation face à ce qu’il a qualifié de « collaboration de la nouvelle administration avec l’une des figures économiques les plus marquantes du régime déchu, à savoir Hossam al-Qatirji, qui est redevenu responsable du transport de pétrole du nord-est de la Syrie vers d’autres régions, indiquant ainsi un manque de responsabilité et de transparence. »
Il est important de noter que le commandant général de la nouvelle administration syrienne, Ahmad al-Shar’a, et le ministre des affaires étrangères Asaad al-Shibani, ont rencontré samedi dernier Ayman Al-Asfari, président du Conseil d’administration de l’organisation « Civil », et Sawsan Abu Zain al-Din, directrice exécutive de l’initiative, pour discuter du rôle de la société civile dans les prochaines étapes.
Al-Asfari a affirmé que la réunion avait été « très positive » et marquait le début du dialogue entre son organisation et l’administration politique du pays, soulignant « la reconnaissance par al-Shar’a du rôle essentiel de la société civile, qui aura une contribution déterminante lors de la conférence nationale à venir ».