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Le Village : Une Bouée de Sauvetage pour les Plus Précaires

by Sara
France

Situé à Cavaillon (Vaucluse), le Village constitue un refuge pour ceux qui se trouvent dans des situations difficiles. Depuis plus de trente ans, cette association, membre du mouvement Emmaüs France, a su adapter ses actions pour aider les plus précaires. Serge Mazoué, le président, déclare : *«On prend tout le monde. Même les gens les plus cassés.»* Grâce à une gestion sur mesure, le Village offre divers dispositifs sociaux, notamment des solutions de logement pour les sans-abri.

«On dirait un peu une maison de Hobbit»

Laurent, 54 ans, fait partie des bénéficiaires de l’action Logement d’abord. Après avoir vécu pendant quinze ans dans la rue, il travaille désormais comme maraîcher. Chaque semaine, cet ancien cuisinier consacre vingt-quatre heures à cultiver trois hectares de jardin, produisant des légumes pour les cantines de l’association et pour des paniers bio destinés aux adhérents. Il se remémore : *«Quand le Village m’a contacté, je vivais sous une tente et je faisais la manche. Ces gens ont changé ma vie. Aujourd’hui, je travaille ici, je touche la prime d’activité, et je vis dans un studio à Cavaillon que l’association me sous-loue. J’arrive même à mettre de l’argent de côté.»*

Le Village, soutenu par 18 bénévoles administrateurs et 37 employés, gère actuellement trois lieux d’accueil de jour et cinq places en hébergement d’urgence. Un programme particulier aide les personnes étrangères en situation précaire et accueille dix familles ukrainiennes. En 2012, l’association a également ouvert une maison commune, offrant 33 places dans une *«pension de famille»* affiliée à la Fondation Abbé-Pierre, où chacun peut rester le temps nécessaire.

Mike, 63 ans, vit dans l’une des maisonnettes du Village depuis trois ans. Cet ancien barman sourit en commentant son logement : *«On dirait un peu une maison de Hobbit, dans le Seigneur des anneaux, non ?»* Avec un salon, un coin cuisine, une salle d’eau et une chambre à l’étage, il trouve que c’est bien suffisant. Près de la fenêtre, une photo de Marilyn Monroe illumine son espace. Mike confie : *«C’est une grande chance d’avoir ce logis. Après mes deux ans de prison, j’ai été hébergé par une association qui ne pouvait pas m’aider plus de trois mois. Je ne sais pas ce qui se serait passé si le Village ne m’avait pas accueilli… Je n’avais pas de plan B.»* Il paie 150 euros par mois pour son logement et 100 euros pour les repas à la cantine. Grâce aux aides, il peut économiser et espère prendre sa retraite l’an prochain.

«J’ai pu arrêter mes conneries»

Le Village est également un chantier d’insertion qui emploie environ 150 personnes chaque année, réparties sur deux pôles : écoconstruction et alimentation. Mike participe à la transformation de fruits et légumes en produits variés : *«On récupère chez les paysans les denrées abîmées et on en fait des confitures, des compotes, des chips végétales, des jus de fruits…»* L’an passé, douze tonnes de fruits et légumes bio ont été transformées par le biais de cet atelier anti-gaspillage.

Damien, 39 ans, un ancien ferrailleur, a vu sa vie se stabiliser grâce à l’aide du Village depuis 2022. Ému, il partage : *«Nos encadrants ne cherchent ni gloire ni renommée, ils s’investissent et font bouger les choses. Ils m’ont aidé pour mes papiers administratifs, parce que je n’y comprends rien. Grâce à eux, j’ai pu récupérer mon permis de conduire, et arrêter mes conneries.»*

Vincent Delahaye, directeur du Village, évoque les multiples activités proposées : maraudes, événements festifs, résidences d’artistes, et le reconditionnement de vieux vélos. Un projet de ferme est également en préparation, visant à accueillir huit détenus en fin de peine pour les préparer à leur réinsertion.

Des défis à relever

Cependant, le chemin n’est pas sans embûches. Les programmes du Village font face à une méfiance croissante envers ceux qui sont différents, ainsi qu’à des réticences de la part de certains élus locaux. *«On nous met des bâtons dans les roues à coups de préemption, de recours au tribunal administratif ou d’obstruction,»* déplore le président de l’association. Néanmoins, sa détermination reste intacte, affirmant qu’il en faudrait beaucoup plus pour freiner l’engagement de l’équipe.

Village Cavaillon | Cavaillon | Précarité | Aide Sociale | Logement | Insertion | France

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