Table of Contents
Le vol des biens palestiniens : Adam Raz dévoile l’histoire cachée
Adam Raz fait partie des « nouveaux historiens » en Israël, un groupe restreint de chercheurs, écrivains et journalistes qui ont rejeté les traditions de recherche historique établies par l’institution sioniste officielle. Ils proposent des études qui diffèrent considérablement des mythes de la fondation sioniste, s’approchant davantage de l’histoire réelle de la Nakba palestinienne.
Les nouveaux historiens et leur impact
Ce phénomène des « nouveaux historiens » est lié à la déclassification des archives et documents israéliens concernant les événements de la guerre et de la Nakba de 1948, qui a commencé à la fin des années 1970. De plus, l’invasion israélienne du Liban en été 1982 et la première intifada en Cisjordanie et dans la bande de Gaza à la fin de 1987 ont contribué à ce mouvement.
Des historiens comme Tom Segev, Simha Flapan, Benny Morris, Avi Shlaim, Ilan Pappé et Adam Raz ont contesté les mythes de la narration officielle israélienne sur la guerre de 1948 :
- La légende du « danger d’extermination » auquel la communauté juive en Palestine aurait été confrontée en raison de la « supériorité » numérique et militaire des Arabes.
- Le mythe selon lequel les Arabes auraient « refusé », depuis 1948, la main tendue par Israël pour la paix.
- Le récit de la « guerre d’indépendance », selon lequel la communauté juive a combattu le mandat britannique pour obtenir son indépendance.
- La croyance que les Palestiniens ont émigré de leurs terres principalement de leur plein gré ou en raison de la « propagande » des armées arabes.
- Le mythe romantique de la colonisation juive.
Le rôle du pillage
Lors de leur expulsion de leurs villes, villages et hameaux en 1948, les Palestiniens ont vu leurs biens privés volés. Le pillage et la destruction sont devenus des armes pour empêcher leur retour chez eux.
Au cours de la guerre de 1948, les sionistes, qu’ils soient civils ou membres de milices armées, ont pillé les maisons, magasins, entreprises et fermes palestiniennes. Cette réalité amère a été progressivement étouffée ou oubliée au cours des décennies suivantes.
Des dizaines de milliers d’Israéliens ont participé au vol des biens palestiniens, s’appropriant les propriétés de leurs anciens voisins. Les conséquences de ce pillage collectif vont bien au-delà des individus impliqués. Il a servi une agenda politique en contribuant au nettoyage ethnique des Palestiniens, en écrasant l’économie palestinienne, en détruisant des villages et en confisquant les récoltes.
Une recherche essentielle
À travers des recherches originales dans des sources primaires, Adam Raz met en lumière un moment tragique de l’histoire d’un conflit qui bouleverse la région et le monde. Son livre est une contribution majeure, fournissant les preuves nécessaires pour briser le « complot du silence » sur les origines de l’État israélien. En documentant la Nakba, il devient inéluctable de rendre justice aux injustices palestiniennes.
Structure du livre
Le livre commence par un glossaire des abréviations et des groupes d’archives utilisés, suivi de l’introduction de l’auteur et des deux premiers chapitres. Enfin, il présente un résumé des résultats et des index.
Le premier chapitre détaille les événements de la dépossession et du vol des biens palestiniens dans des villes comme Tibériade, Haïfa, Jérusalem, Jaffa, Akka, Safed, Baysan, Ramla, Lod et Beer Sheva.
Le deuxième chapitre aborde les dimensions politiques et sociales du vol des biens palestiniens, y compris la propagation du pillage dans la société israélienne et l’opposition à ces actes.
Les voisins d’hier
Gideon Levy, journaliste israélien, décrit le livre d’Adam Raz comme un document puissant et dérangeant. En Israël, peu d’informations sur la Nakba sont connues, ce qui rend les révélations de Raz sur le pillage d’autant plus cruciales.
Raz précise qu’il s’agit du premier livre qui se concentre principalement sur le vol des biens palestiniens, soulignant que ce pillage n’était pas seulement un acte de violence orchestré par un système, mais un comportement largement adopté par de nombreux Juifs.
Un effondrement éthique
Le premier chapitre du livre documente minutieusement l’ampleur des vols. À Tibériade, par exemple, la chute de la ville aux mains des milices sionistes a conduit au départ définitif des Palestiniens. Ce processus a engendré un pillage sans précédent.
Un responsable du Fonds national juif a exprimé sa stupéfaction dans ses mémoires face à l’ampleur du vol et de la destruction : « Les Juifs se sont regroupés, pillant les maisons et les magasins arabes… ».
Les officiers organisent le pillage
Les actes de pillage à Tibériade ont servi de modèle pour d’autres villes. À Haïfa, les pillards n’ont même pas attendu que les habitants fuient pour s’emparer de leurs biens. Les soldats et officiers de l’armée ont organisé des incursions dans les maisons pour voler les biens des Arabes.
Les conséquences « éthiques » du pillage
Bien que le vol de biens matériels semble dérisoire comparé aux massacres survenus à l’époque, le fait que de nombreux civils, y compris des enfants, aient participé au pillage a des conséquences de long terme sur la société.
Une crime collective délibérée
Sur le plan politique, la participation d’un si grand nombre de personnes au pillage a été déterminante. Cela a contribué à les intégrer dans une grande crime collective, facilitant leur soutien aux atrocités perpétrées par l’État sioniste naissant.
Un regard nécessaire sur l’histoire
Adam Raz a rassemblé des détails étonnants grâce à ses recherches sur ce sujet. Son livre représente une contribution significative à la compréhension des réalités qui ont fondé l’État sioniste, confrontant le monde à la violence et à l’exploitation qui l’ont caractérisée.
Adam Raz est un chercheur et historien israélien spécialisé dans les droits de l’homme et l’histoire du XXe siècle. Il a écrit plusieurs livres en hébreu sur l’histoire des armes nucléaires en Israël et le conflit israélo-palestinien.