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Le Liban traverse actuellement une période des plus critiques depuis des décennies, où les crises politiques s’entremêlent avec des tensions sécuritaires, plaçant le pays à un carrefour historique.
Le défi présidentiel
La séance prévue le 9 janvier pour élire un nouveau président de la République représente un moment décisif. Cependant, en raison des divisions internes et du manque de consensus politique, la situation semble stagnante. Le général Khalil Helou, expert militaire et stratégique, décrit cette impasse en disant : « Il n’existe pas encore de candidat bénéficiant d’un véritable consensus politique. Les consultations en cours ne sont que le reflet d’une lutte de pouvoir interne, chaque partie cherchant à imposer sa vision au détriment de l’intérêt du pays. »
Le Hezbollah, ayant l’apparente capacité de veto sur les candidats à la présidence, fait valoir des positions fluctuantes. Bien qu’il ait déclaré ne pas s’opposer à la candidature du général Joseph Aoun, il continue de bloquer toute tentative de présenter un candidat consensuel en dehors de sa sphère d’influence. Helou considère cette manœuvre comme un moyen de contrecarrer d’autres options politiques, comme la candidature de Samir Geagea, en affirmant : « Le Hezbollah utilise son pouvoir pour paralyser le processus politique et maintenir le Liban sous son emprise. »
Tensions croissantes et risque d’effondrement de la trêve
Dans le sud, les tensions avec Israël s’intensifient alors que ce dernier ignore l’accord de cessez-le-feu et poursuit ses violations militaires. Récemment, des incursions ont été menées dans des localités libanaises comme Aitaroun, Taybeh et Tair Harfa. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a menacé de ne pas respecter le cessez-le-feu si le Hezbollah ne se retire pas au-delà du fleuve Litani et ne démantèle pas ses armes.
Malgré les menaces répétées des dirigeants du Hezbollah, y compris une déclaration de Naïm Qassem selon laquelle « la patience du parti pourrait s’épuiser », Helou estime qu’une réponse militaire est quasiment impossible dans les circonstances actuelles : « Le Hezbollah est dans une situation de faiblesse évidente. Le déséquilibre des forces et l’arrêt du soutien iranien le rendent incapable de mettre à exécution ses menaces, et les discours belliqueux ne font que refléter un état de frustration. »
La souveraineté de l’État mise à l’épreuve
Dans ce contexte, l’attention se porte sur la capacité de l’État libanais à reprendre l’initiative. Bien que le rôle de l’armée libanaise soit crucial pour gérer la situation aux frontières, Helou souligne un manque de clarté : « L’armée doit publier des déclarations transparents pour définir sa présence et ses plans opérationnels. L’absence de clarté laisse le champ libre au Hezbollah pour agir en toute liberté selon son propre agenda, renforçant ainsi le climat de désordre. »
Liban peut-il se libérer de l’emprise iranienne ?
Sur le plan politique, Helou note que l’élection présidentielle est une opportunité de reconstruire l’État sur des bases constitutionnelles solides. Cependant, l’influence iranienne incarnée par le Hezbollah demeure le principal obstacle à tout changement réel. Il ajoute : « L’objectif fondamental doit être d’élire un président respectueux de la constitution qui rétablisse la confiance entre les composantes libanaises. Sans cela, le Liban restera englué dans un cycle de chaos et de vacarme. »
Le Liban vit aujourd’hui au rythme de deux horloges synchronisées : l’une compte à rebours jusqu’aux élections présidentielles et l’autre surveille l’expiration de la trêve avec Israël. Cette situation offre des choix clairs aux Libanais : soit avancer vers la construction d’un État souverain qui s’éloigne des escalades militaires et des divisions sectaires, soit sombrer dans le chaos.
Une nécessité urgente de changement politique
Le général Helou soutient que le Liban a un besoin impératif d’une direction politique capable de redéfinir le rôle de l’État, loin de l’influence régionale et des tensions militaires. Le temps où les intérêts des Libanais étaient favorisés est révolu, et les décisions prises dans les jours à venir détermineront l’avenir du pays pour des années à venir.
Les jours à venir détermineront si le Liban pourra surmonter ses défis pacifiquement ou si le désordre politique se traduira par une escalade militaire. Ce qui est nécessaire dans le paysage actuel, c’est une décision courageuse pour restaurer la souveraineté nationale à travers un consensus sur un nouveau leadership qui rétablisse l’équilibre perdu et mette fin à la domination des armes échappant au contrôle de l’État.