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Le rapport sur l’emploi américain en avril a offert un souffle d’optimisme au président Donald Trump, mais derrière cette bonne nouvelle se cachent plusieurs signaux inquiétants qui pourraient compromettre son agenda économique.
Un rapport d’emploi encourageant mais trompeur
Vendredi matin, le Bureau of Labor Statistics a annoncé que l’économie américaine avait créé 177 000 emplois en avril, un chiffre qui a permis à Donald Trump de se féliciter publiquement de ses politiques, notamment ses fameux tarifs douaniers. Ce mois-là, le président avait annoncé ses « tarifs du jour de la libération », qu’il a ensuite partiellement suspendus tout en maintenant une taxe générale de 10 % et un taux exorbitant de 145 % sur la Chine.
Sur le réseau Truth Social, Trump a vanté la baisse des prix du carburant, des produits alimentaires, des taux hypothécaires et la solidité de l’emploi, affirmant que « des milliards d’euros affluent grâce aux tarifs ». Pourtant, le prix de l’essence est loin des 1,98 dollar le gallon qu’il évoque, et il n’existe pas de preuve solide que les États-Unis tirent des milliards d’euros de revenus des tarifs. De plus, le pétrole est retombé en dessous de 60 dollars le baril, ce qui peut indiquer une baisse de la demande.

Des signaux économiques alarmants
Malgré ce rapport sur l’emploi, d’autres indicateurs économiques sonnent l’alarme. La croissance du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis a reculé au premier trimestre 2025, une mauvaise nouvelle attribuée par Trump à l’administration Biden. Le président a également renouvelé son appel à la Réserve fédérale, dirigée par Jerome Powell, pour qu’elle baisse les taux d’intérêt afin de stimuler l’économie.
Mais cette demande est peu susceptible d’influencer la Fed, qui doit décider prochainement de sa politique monétaire. Le marché boursier n’a pas subi autant de dégâts que prévu face aux tarifs, mais plusieurs données préoccupantes viennent tempérer cette apparente bonne santé :
- Le nombre d’heures travaillées dans l’industrie manufacturière a diminué.
- Le secteur manufacturier a perdu 1 000 emplois, dont 4 700 dans la fabrication automobile et des pièces détachées.
- Le chômage de longue durée, c’est-à-dire les personnes sans emploi depuis au moins six mois, a augmenté de 179 000 personnes.
De plus, le rapport ne reflète pas entièrement les suppressions d’emplois dans l’administration fédérale orchestrées par Elon Musk. En avril, 9 000 fonctionnaires fédéraux ont perdu leur emploi, sans compter ceux en congé payé ou bénéficiant d’indemnités de départ.
Une incertitude renforcée par des révisions à la baisse
Historiquement, les chiffres du rapport sur l’emploi sont fréquemment révisés. Cette fois, le nombre d’emplois créés en février a été revu à la baisse, passant de 117 000 à 102 000, et celui de mars de 228 000 à 185 000. Cette volatilité, combinée à la politique erratique de Trump concernant les tarifs, crée un climat d’incertitude sur les marchés financiers, incapables d’anticiper avec précision la trajectoire économique américaine.
Des tensions politiques et économiques croissantes
Ces signaux négatifs surviennent à un moment délicat pour Trump, dont la popularité décline, notamment à cause des politiques économiques mises en place. Le Congrès tente d’adopter un projet de loi majeur, surnommé « one big, beautiful bill », qui prévoit d’augmenter les dépenses pour la sécurité à la frontière américano-mexicaine, prolonger les baisses d’impôts de 2017 et accroître le forage pétrolier.
Cependant, les républicains à la Chambre des représentants sont divisés sur la manière de réaliser 1,5 trillion d’euros d’économies pour financer ces allègements fiscaux, estimés à 4,5 trillions d’euros. Cette fracture oppose les républicains MAGA de la Chambre, menés par le House Freedom Caucus, à certains alliés fidèles de Trump au Sénat, comme Josh Hawley, qui craignent que des coupes dans Medicaid nuisent à leurs électeurs.
La sénatrice Susan Collins, présidente du comité des crédits du Sénat et candidate à sa réélection en 2026, a affirmé vouloir protéger Medicaid en raison de son soutien aux hôpitaux ruraux. Steve Bannon, ancien conseiller de Trump, avait déjà alerté sur ce point en février, soulignant que de nombreux partisans MAGA dépendent de Medicaid.
Un avenir incertain pour la présidence Trump
Malgré l’impact médiatique des premiers 100 jours de Trump, les résultats concrets en matière de législation majeure restent limités. Si le parti républicain est perçu comme réduisant les services essentiels, notamment ceux utilisés par les partisans les plus fidèles de Trump, alors même que le chômage menace de grimper brutalement et que l’inflation s’envole, la seconde présidence de Donald Trump pourrait être compromise avant même d’avoir réellement débuté.