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L’Égypte surmonte-t-elle enfin la crise du blé ?

by Sara

L’Égypte surmonte-t-elle enfin la crise du blé ?

Il y a quelques jours, le gouvernement égyptien a annoncé le début de la collecte de blé local, fixant aux agriculteurs des périodes de livraison allant du 15 avril au 15 août 2024. Le prix fixé est de 2000 livres égyptiennes (42,5 dollars) par ardeb (équivalent à 150 kg). Cette annonce a été accueillie avec optimisme, laissant espérer que le pays pourrait surmonter cette saison les divers aspects de la crise du blé.

Cette crise est liée au statut de l’Égypte comme l’un des plus grands importateurs de blé au monde, une denrée stratégique contrôlée par quelques pays. Cependant, l’importance stratégique du blé a diminué avec l’augmentation du nombre de pays producteurs par rapport aux décennies précédentes.

Par ailleurs, le blé a longtemps représenté un problème pour les agriculteurs égyptiens, car l’État ne privilégiait pas suffisamment le blé local par rapport à l’importé, bien que sa culture soit plus facile que d’autres récoltes moins prisées comme les fèves ou le coton, dont les prix sont souvent instables.

Aujourd’hui, il semble que les deux crises — celle de l’État et celle des agriculteurs — soient en voie de résolution, bien que la crise de l’État se résolve plus lentement que celle des agriculteurs.

La souffrance de l’État égyptien due à la faible production de blé et à une consommation accrue remonte à 1952. En 1984, l’Égypte a dépassé le Japon pour devenir le premier importateur mondial avec environ 6,3 millions de tonnes cette année-là. Depuis lors, les importations et la consommation ont augmenté régulièrement, influencées par la croissance démographique, la baisse de la productivité des terres agricoles et un régime alimentaire où le blé est la principale source de féculents. Actuellement, la consommation individuelle atteint 152 kg par an.

La crise est également aggravée par la limitation des terres agricoles et l’incapacité de l’État à récupérer suffisamment de terres pour répondre à la demande croissante de produits locaux. La récupération de terres nécessite plus d’eau, mais les ressources actuelles comme le Nil, les lacs, les pluies et les eaux souterraines ne suffisent plus à subvenir aux besoins des Égyptiens dans divers domaines, malgré que les deux tiers de cette eau soient déjà utilisés pour l’agriculture.

Statistiques de la culture et de l'importation de blé en Égypte (2010-2024)

  • Premièrement: Il n’y a pas eu de corrélation proportionnelle entre l’augmentation de la population et celle des importations de blé. Alors que la population a augmenté d’environ 30 millions entre 2010 et 2024, les importations de blé étaient de 10,6 millions de tonnes en 2010 et n’ont atteint que 10,87 millions de tonnes en 2023, montrant peu de changement en une décennie.
  • Deuxièmement: La superficie des terres agricoles a augmenté de seulement 1,3 million de feddans entre 2010 et 2023, alors qu’il était prévu qu’elle augmente d’environ 3,6 millions de feddans. La surface cultivée en blé a, quant à elle, augmenté de 0,7 million de feddans pendant cette période, ce qui représente plus de la moitié des nouvelles terres agricoles.
  • Troisièmement: En comparant la production et les importations de chaque année, il apparaît que la hausse des importations ne correspond pas proportionnellement à l’augmentation de la population. Cela peut être attribué à une diversification des sources de féculents et à une augmentation de la production locale de blé, qui a croît d’environ 1,5 million de tonnes. Ainsi, l’Égypte est passée de la première position d’importateur de blé à la troisième place après la Chine et la Turquie en 2023.

Pour les agriculteurs, l’aspect le plus notable de cette résolution de crise est le prix attractif fixé cette saison. Contrairement aux années précédentes, où ils étaient contraints de vendre leur récolte à des prix inférieurs au coût d’importation, cette année, ils peuvent vendre leur blé à un prix supérieur à celui de l’importé. Le prix du blé local a été fixé à 13,33 livres égyptiennes par kilo contre 9,73 livres pour le blé importé, couvrant ainsi les coûts de production et encourageant les agriculteurs à augmenter leur production. Le prix de l’ardeb de blé local est également de 25 % supérieur à celui de l’année précédente et de 75 % supérieur à celui de 2018.

Il est donc évident que la crise du blé en Égypte commence à se dissiper, avec de futures perspectives positives grâce à l’augmentation des terres récupérées, l’innovation dans les méthodes d’irrigation et le développement de semences tolérantes à la salinité pour les terres nouvellement récupérées.

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