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Député chef de cabinet adjoint à la Maison-Blanche, Stephen Miller a déclaré que les agents d’Immigration and Customs Enforcement (ICE) bénéficiaient d’une “immunité fédérale” lorsqu’ils exercent leurs fonctions et que les responsables locaux ne pouvaient pas les arrêter. Cette affirmation, faite lors d’une interview le 24 octobre, a relancé le débat sur l’étendue réelle des protections juridiques dont jouissent les agents fédéraux aux États-Unis.
Ce qu’a dit Stephen Miller
Interrogé par l’animateur Will Cain au sujet des déclarations du gouverneur de l’Illinois, JB Pritzker, qui évoquait la possibilité d’intervenir contre des agents ICE dans son État, Miller a répondu : “À tous les officiers de l’ICE, vous avez une immunité fédérale dans l’exercice de vos fonctions.”
Il a ajouté : “Quiconque pose la main sur vous ou tente de vous arrêter ou de vous entraver commet un crime.” Miller a précisé que sa déclaration concernait tout responsable local ou d’État “qui complote ou participe à une activité qui empêche illégalement l’application de la loi fédérale dans l’exercice de ses fonctions”.
Contexte politique et mesures de l’Illinois
La déclaration de Miller intervient après que le gouverneur JB Pritzker a signé un décret exécutif créant la Illinois Accountability Commission, chargée de documenter les interventions d’agents fédéraux et de renvoyer aux autorités locales et d’État les éléments susceptibles de faire l’objet d’enquêtes.
Chicago fait l’objet d’opérations d’immigration intensifiées et plus de 3 000 personnes y ont été arrêtées dans le cadre de ces actions. Pritzker a nuancé la position de Miller en reconnaissant que les agents fédéraux “ont généralement une immunité fédérale”, mais il a rappelé que le gouvernement fédéral peut aussi tenir ces agents responsables.
La Maison-Blanche a dirigé PolitiFact vers une lettre du 23 octobre du vice‑procureur général Todd Blanche adressée à des responsables californiens, dans laquelle le département de la Justice qualifiait d’“illégales et vaines” les arrestations d’agents fédéraux en service.
Cadre juridique : l’immunité et ses limites
Le débat repose en grande partie sur la “Supremacy Clause” de la Constitution américaine, qui affirme la primauté du droit fédéral lorsqu’il existe un conflit avec une loi d’État. Cette clause restreint la capacité des États à poursuivre des agents fédéraux, mais elle n’accorde pas une immunité absolue.
Des juristes soulignent que :
- Les fonctionnaires fédéraux disposent de protections larges lorsqu’ils agissent dans le cadre autorisé par la loi fédérale.
- Ces protections couvrent des actions exécutées de bonne foi et jugées “nécessaires et appropriées” pour remplir leur mission.
- Cependant, les autorités fédérales peuvent enquêter et poursuivre les agents qui enfreignent la loi, et les tribunaux évaluent au cas par cas l’étendue de l’immunité.
La chercheuse Bryna Godar a rappelé qu’“un fonctionnaire fédéral n’est pas catégoriquement à l’abri d’une poursuite pénale d’État, même en service”. Pour sa part, le professeur Steve Vladeck a qualifié l’affirmation de Miller de “fausse en soi”, soulignant que l’immunité n’est pas un laisser-passer général contre toute poursuite locale.
Précédents judiciaires et exemples concrets
La jurisprudence et des affaires récentes illustrent la complexité de la question :
- Affaire Neagle (1890) : un marshal fédéral chargé de protéger un juge de la Cour suprême avait été poursuivi par la Californie après avoir tué un homme ; la Cour suprême a jugé que l’État ne pouvait pas le poursuivre car il agissait dans l’exercice de fonctions fédérales.
- Affaires de terrain : en 1990, un agent des douanes a été jugé immunisé par un tribunal fédéral pour excès de vitesse lors d’une opération antidrogue, car son comportement paraissait nécessaire pour remplir sa mission.
- Limites de l’immunité : un marin américain impliqué dans un accident mortel lors d’un convoi militaire en 1990 n’a pas bénéficié de la même protection.
- Condamnation d’agent en 2024 : un agent de la US Customs and Border Protection (CBP) a été condamné à de la prison fédérale pour usage excessif de la force à la frontière sud, montrant que le gouvernement fédéral peut poursuivre ses agents.
À Chicago, des organisations civiles ont saisi la justice, alléguant des abus répétitifs de la part d’agents fédéraux. La juge de district Sara Ellis a imposé des restrictions temporaires sur l’usage de gaz lacrymogènes et exigé des avertissements verbaux avant leur emploi.
Suite à des rapports d’inobservation de l’ordonnance, la juge Ellis a ordonné à l’officiel chargé des opérations sur place de rendre compte quotidiennement des confrontations, mesure ensuite temporairement suspendue par une cour d’appel fédérale.
Que peuvent faire les États et le gouvernement fédéral ?
Les États conservent la possibilité d’engager des poursuites si des agents fédéraux commettent des infractions au droit d’État, mais la cour doit d’abord déterminer si l’agent agissait de manière raisonnable pour accomplir des missions fédérales.
Les points clés à retenir :
- La Supremacy Clause offre une protection partielle aux agents fédéraux, pas une immunité générale.
- Le gouvernement fédéral peut enquêter et poursuivre ses propres agents en cas d’abus.
- Les tribunaux évaluent, au cas par cas, si l’action relevait de fonctions fédérales autorisées et si elle était nécessaire.
Évaluation finale
La déclaration de Stephen Miller selon laquelle “tous les officiers de l’ICE ont une immunité fédérale” contient un fond de vérité : les agents fédéraux bénéficient effectivement de protections juridiques lorsqu’ils accomplissent des actes autorisés par la loi fédérale.
Cependant, ces protections ne sont ni absolues ni synonymes d’impunité. Les autorités fédérales peuvent poursuivre leurs agents, les États peuvent engager des poursuites sous certaines conditions, et les tribunaux tranchent au cas par cas si l’action relevait ou non d’une fonction fédérale autorisée.
En conséquence, l’affirmation de Miller est exagérée et prête à confusion : elle donne l’impression d’une immunité totale qui n’existe pas.
Informations complémentaires
Pour approfondir :
- Conflit politique autour des opérations fédérales à Chicago : /news/2025/10/8/trump-calls-to-jail-chicago-mayor-illinois-governor-in-immigration-dispute
- Articles récents cités lors des discussions sur les politiques migratoires et les opérations fédérales (exemples de titres référencés dans la couverture) : /news/2025/10/30/more-than-130-killed-how-did-a-brazil-raid-on-a-rio-favela-turn-so-deadly, /news/2025/10/30/trump-announces-lowest-refugee-admission-cap-in-us-history-at-7500, /news/2025/10/30/trump-administration-sets-rules-to-bar-groups-it-opposes-from-loan-relief, /news/2025/10/31/trump-calls-for-senate-to-scrap-filibuster-tactic-to-end-the-govt-shutdown
Méta description suggérée pour la publication : Fact-check : les déclarations sur l’« immunité fédérale » des agents ICE sont exagérées — limites, poursuites et cas judiciaires aux États-Unis.
Mots-clés et tags recommandés : ICE, immunité fédérale, Stephen Miller, JB Pritzker, Illinois, Chicago, agents de l’immigration, Supremacy Clause, poursuites, vérification des faits, États-Unis, immunité fédérale ICE.
 
			         
			        