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Pour devenir une star du football, il ne suffit pas d’être un talent exceptionnel sur le terrain. C’est la leçon que tire Brahim, un jeune de 18 ans, protagoniste du film Les Arènes réalisé par Camille Perton. Ce personnage prometteur semble destiné à la réussite, mais il se heurte rapidement aux mécanismes impitoyables d’un univers où les joueurs sont broyés au nom du profit.
Un regard sombre porté sur la marchandisation du football
Interprété par Iliès Khadri, Brahim incarne un jeune poussin qui mûrit dans un contexte dur et sans pitié. À ses côtés, Sofian Khammes joue le rôle de son cousin, qui tente de le pousser vers les sommets, tandis qu’Édgar Ramírez incarne un intermédiaire aux intentions douteuses. Grâce à ces performances, Camille Perton dessine un portrait peu flatteur d’un monde où le sport devient secondaire face à la domination de l’argent. La réalisatrice confie : « J’ai conçu mon histoire comme un film de genre. J’ai mêlé la réalité à mon imaginaire pour décrire ce milieu trouble qui provoque à la fois fascination et répulsion. »
Donner la parole aux jeunes joueurs
Après le film Mercato de Tristan Séguéla, Les Arènes offre une nouvelle immersion dans les coulisses du football, révélant les tractations intenses autour des joueurs. Camille Perton souligne : « Les clubs achètent les premiers contrats de très jeunes joueurs avec des primes délirantes à la signature, mais la plupart ne deviendront jamais professionnels. » Ce mirage séduit des adolescents naïfs et des familles souvent mal préparées au « trading » où les clubs s’échangent les sportifs pour des sommes astronomiques.
Plutôt que de filmer sur le terrain, la réalisatrice choisit de se concentrer sur les discussions et les négociations entourant Brahim, un héros qui tente en vain de faire entendre ses droits et ses aspirations. Elle explique : « Je voulais redonner la parole à ces joueurs parce qu’ils en sont trop souvent privés. J’ai suivi le parcours d’émancipation de ce jeune homme qui découvre qu’il peut briller non seulement par son talent footballistique, mais aussi par sa stratégie, son sens des relations et ses capacités de négociation. » Pour nourrir son récit, elle a rencontré de nombreux jeunes footballeurs.
Une initiation douloureuse au monde réel du football
Au début, Brahim est silencieux, observant les « grandes personnes » décider de son avenir sans vraiment le considérer. Progressivement, il comprend qu’il peut s’imposer et influencer le chemin qui mène vers un futur aussi brillant que frustrant. La solitude de Brahim s’intensifie en découvrant le peu de considération qu’on lui porte. Lorsqu’il prend la parole, c’est avec une pertinence qui montre sa volonté de maîtriser son destin.
Camille Perton a fait le choix de ne presque pas montrer de matchs de football dans son film, un parti pris qui renforce l’atmosphère oppressante de son récit. Elle déclare : « C’est assumé. Dans mon film, le match se joue sur un autre terrain. Il a lieu là où le regard du spectateur ne doit pas se poser : dans les couloirs, les bureaux, les vestiaires. » Ce contexte met en lumière l’aspect obscène des transferts et des sommes faramineuses échangées, quand le footballeur n’est plus qu’une marchandise, une sorte de carte Pokémon vivante.