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Dans une analyse percutante, le dramaturge et théoricien du théâtre berlinois Bernd Stegemann évoque ce qu’il appelle le troisième siècle du « croyance sans foi ». Il soutient que, malgré la réduction du pouvoir et de la pertinence sociale de l’Église depuis les Lumières, les vestiges de la religion continuent d’influencer la société de manière insidieuse et potentiellement dangereuse.
Les particules de foi dans la société sécularisée
Stegemann décrit ces résidus religieux comme des « particules de foi » qui, non contrôlées par une religion institutionnalisée, pénètrent dans « toutes les pores de la société séculière ». Il identifie cela comme la source principale de nombreuses pathologies modernes, y compris le fanatisme idéologique, l’ésotérisme, la solitude collective, le nationalisme, le fascisme, le stalinisme, le culte de l’individu, le fétichisme de la consommation, et l’apocalypse annoncée par la dernière génération.
La renaissance de la politique identitaire
Dans son ouvrage « Was vom Glauben bleibt », Stegemann aborde à nouveau son thème central, à savoir la « renaissance mondiale de la politique identitaire ». Il critique le fait que l’essence du message chrétien, qui consiste à donner la parole aux opprimés, ait été réduite à une simple compétition pour le statut de victime. Selon lui, cette « politique d’identité victime » incarne « toutes les caractéristiques problématiques qui marquent aujourd’hui les restes de la foi : individualisme et nihilisme ».
Une critique de la modernité
Bien qu’il soit perçu comme un penseur ancré dans les réalités sociales, Stegemann adopte un ton plus radical, critiquant la culture d’annulation et la conscience éveillée d’une manière presque intemporelle. Il postule que les anciennes influences religieuses continuent d’alimenter des revendications d’absolutisme et de fanatisme à travers les divers courants politiques.
Les contradictions internes de l’argumentation
Malgré son assertion en tant qu’« infidèle », Stegemann oscille souvent entre une critique acerbe de la modernité et un penchant nostalgique pour les époques prémodernes. Il évoque la beauté des cathédrales médiévales et la grandeur de la musique de la période moderne tout en affirmant que l’humanité est perdue sans Dieu. Il néglige toutefois d’aborder l’existence d’une tradition philosophique qui défend des arguments moraux et de sens existentiel sans recours à une puissance supérieure.
Un appel à la mémoire historique
Le chapitre de conclusion de l’ouvrage présente une histoire hassidique de Gershom Scholem, illustrant la force de la transmission religieuse à travers les âges. Stegemann conclut que tant que l’humanité se souvient qu’il existe quelque chose de sacré à préserver, elle n’est pas perdue. Cependant, ce rappel semble vague et pourrait bénéficier d’une narration plus structurée et précise des histoires qui honorent le sacré.