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Les autorités américaines proposent d’élargir considérablement les informations exigées aux voyageurs bénéficiant du programme d’exemption de visa (ESTA), en demandant notamment jusqu’à cinq ans d’historique sur leurs activités sur les réseaux sociaux. Cette initiative, présentée dans un avis publié au Federal Register, fait peser de nouvelles obligations sur les visiteurs de certains pays dispensés de visa et relance le débat sur la vie privée et la sécurité aux frontières.
La mention « ESTA réseaux sociaux » revient au cœur des inquiétudes : les voyageurs qui jusqu’ici pouvaient remplir une autorisation en ligne sans entretien consulaire pourraient devoir fournir des comptes et données personnelles beaucoup plus étendues.
Ce que prévoit la proposition
Le texte publié par les douanes et la protection des frontières américaines (CBP) détaille plusieurs ajouts potentiels au formulaire ESTA. Les principaux éléments prévus sont :
- la collecte jusqu’à cinq ans d’historique des activités sur les réseaux sociaux ;
- les numéros de téléphone utilisés au cours des cinq dernières années ;
- les adresses e‑mail employées au cours des dix dernières années ;
- l’ajout éventuel de « champs de grande valeur » tels que les métadonnées des photos soumises électroniquement, des informations détaillées sur les membres de la famille (lieux de naissance, numéros de téléphone sur cinq ans), ainsi que des données biométriques comme les empreintes digitales, l’ADN et les données de l’iris.
L’avis ne précise pas exactement ce que les autorités recherchent dans les comptes de réseaux sociaux ni comment ces données seront analysées ou utilisées.
À qui s’applique la mesure
La proposition cible les voyageurs utilisant le Système électronique d’autorisation de voyage (ESTA) dans le cadre du Visa Waiver Program. Ce programme permet à des citoyens de 42 pays de se rendre aux États‑Unis pour tourisme ou affaires jusqu’à 90 jours sans visa.
Parmi ces pays figurent :
- Royaume‑Uni, Allemagne, Japon ;
- Corée du Sud, Australie, Nouvelle‑Zélande ;
- Israël, Qatar, Grèce, Malte, entre autres.
La liste complète des pays participants est disponible sur le site officiel du Département d’État américain : https://travel.state.gov/content/travel/en/us-visas/tourism-visit/visa-waiver-program.html
Contexte et antécédents
La question des réseaux sociaux avait déjà été introduite dans la demande ESTA en 2016, mais elle était jusqu’ici facultative. La nouvelle proposition vise à rendre obligatoire et à étendre la période couverte par ces informations.
Les voyageurs originaires de pays hors du programme d’exemption de visa sont déjà tenus de fournir des informations sur leurs comptes de réseaux sociaux, une politique mise en place sous la première administration Trump et maintenue sous la présidence de Joe Biden.
Le CBP a indiqué que ces mesures s’inscrivent dans l’exécution d’un décret présidentiel signé en janvier, qui appelle à renforcer le filtrage des personnes entrant aux États‑Unis afin de prévenir d’éventuelles menaces à la sécurité nationale. Voir l’avis publié au Federal Register : https://public-inspection.federalregister.gov/2025-22461.pdf et le contexte du décret : https://www.aljazeera.com/news/2025/1/27/fact-check-trumps-first-week-immigration-orders-what-are-the-effects
Procédure et calendrier
L’avis dans le Federal Register précise que le public dispose de 60 jours pour soumettre des commentaires sur ces changements proposés avant leur finalisation. Cette période permet aux organisations, experts et voyageurs de formuler des observations ou des objections formelles.
Jusqu’à ce que la règle soit adoptée, les modalités actuelles de l’ESTA restent en vigueur, notamment le procédé d’approbation automatique sans entretien consulaire pour les demandes admissibles.
Enjeux et réactions attendues
La proposition soulève plusieurs enjeux majeurs : protection de la vie privée, proportionnalité des données demandées et risques d’erreurs dans l’analyse des contenus en ligne. Les défenseurs des libertés civiles pourraient s’opposer à l’ampleur des informations demandées, en particulier pour les métadonnées et les données biométriques.
Les autorités justifient l’approche par des impératifs de sécurité nationale, mais le projet manque, pour l’instant, de détails sur les critères d’évaluation appliqués aux comptes et aux données collectées. Le débat public durant la période de commentaires devrait préciser ces points et influencer l’issue du processus réglementaire.