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Les habitants de Gaza échangent chaussures et vêtements depuis des mois
Depuis le début des hostilités israéliennes en octobre dernier, les habitants de Gaza sont contraints de faire preuve de résilience dans un environnement de plus en plus difficile. Parmi ces défis, la nécessité de faire porter à leurs enfants les mêmes vêtements pendant de longs mois est devenue une réalité tragique.
Des histoires de défis quotidiens
Safaa Yassine, une femme déplacée de la ville de Gaza, partage son expérience : « Lorsque j’étais enceinte, je rêvais du moment où je pourrais embrasser ma petite fille et lui mettre de jolis vêtements… mais avec la guerre, je n’ai trouvé rien d’autre que des vêtements usés pour les nouveau-nés. »
À 38 ans, elle vit actuellement dans la région de al-Mawasi à Khan Younis, au sud de Gaza. Elle ajoute : « Je n’aurais jamais imaginé que je serais incapable de trouver des vêtements pour ma fille. »
En plein été, alors qu’elle panifie de réaliser des pains, elle explique également : « J’ai trouvé quelques vêtements avant notre fuite, mais la plupart étaient trop petits pour les bébés ou même inadaptés à la météo actuelle. »
Des conditions humanitaires alarmantes
Dans ce territoire assiégé, la recherche de vêtements appropriés s’est révélée être d’une complexité sans précédent. Près de 2,4 millions de personnes peinent à survivre sous des conditions humanitaires catastrophiques.
Fatimah Jouda, 30 ans, fait des efforts considérables pour fournir des vêtements à son fils Adam, âgé de 15 mois. « Mon fils grandit chaque jour, et les vêtements qu’il portait au cours de ses premiers mois lui vont maintenant trop petits. Il a besoin de tailles plus grandes qui ne sont pas disponibles », déclare-t-elle.
Une industrie textile en déclin
Avant le conflit, l’industrie textile de Gaza prospérait avec près de 900 usines qui employaient 35 000 personnes et produisaient 4 millions de vêtements destinés à l’exportation vers Entité sioniste chaque mois. Cependant, ce secteur a vu un déclin radical depuis 2007, en raison du blocus imposé par Entité sioniste. Actuellement, il ne reste qu’environ 100 ateliers, engageant environ 4 000 travailleurs et produisant seulement entre 30 000 et 40 000 pièces de vêtements par mois.
Des destructions massives
Selon une estimation de la Banque mondiale, 79 % des établissements du secteur privé à Gaza ont été partiellement ou totalement détruits durant le conflit, avec des coupures de courant qui ont paralysé les usines restantes.
Les ressources en carburant sont désormais utilisées pour subvenir aux besoins des hôpitaux et des installations des Nations Unies, rendant la recherche de vêtements neufs quasi impossible.
La lutte pour les nécessités de base
Le manque cruel de ressources touche tous les aspects de la vie à Gaza, y compris la nourriture, les médicaments et les vêtements. Le Commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a souligné dans un tweet que certaines femmes portent le même hijab depuis plusieurs mois.
Ahmed Al-Masri, qui a fui du nord vers le sud de Gaza au début de la guerre, confie qu’il n’a ni chaussures ni vêtements : « J’ai réparé mes chaussures 30 fois, payant dix fois leur prix d’avant-guerre. J’ai essayé d’acheter une nouvelle paire, sans succès. »
Partage et solidarité
Avec la prolongation du conflit, selon Omar Abu Hashim, 25 ans, « toutes les chances de vie sont perdues, que ce soit les chaussures, les vêtements ou la nourriture, et les prix sont exorbitants. » Il raconte comment, pendant cinq mois, il a dû réutiliser les mêmes vêtements : « Nous les lavons et les remettons. »
Afin de combler le manque, Ahmed Al-Masri partage sa seule paire de chaussures avec son beau-frère, affirmant qu’il n’existe pas d’autres options : « Je suis obligé de marcher pieds nus, ce qui cause des maladies et favorise la propagation des bactéries. »
Il attend désespérément de trouver du savon pour laver son unique chemise et son pantalon, car cela fait neuf mois qu’il porte les mêmes vêtements. En cas de besoin urgent, il doit se contenter de laver son haut et d’attendre des heures qu’il sèche.