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Les hommes surestiment leurs capacités face au biais Dunning Kruger

by charles
Un tiers des hommes se croit capable de faire atterrir un avion en urgence : pourquoi le pensent-ils ?
États-Unis, Suisse (études citées en français)

Les illusions de compétence et les biais de confiance chez les hommes et les femmes

Une série d’études et de sondages récents mettent en lumière un phénomène intrigant : un tiers des hommes pensent être capables d’atterrir un avion en situation d’urgence, un exploit hautement complexe, alors que la réalité technique démontre le contraire. Selon plusieurs enquêtes, notamment celles relayées par The Washington Post et YouGov, cette surconfiance masculine dépasse largement celle des femmes, qui restent généralement plus réalistes face à la difficulté de telles opérations.

Ce décalage entre perception et réalité est expliqué par l’effet Dunning Kruger, un biais cognitif identifié dans les années 1990 par les psychologues américains David Dunning et Justin Kruger. Concrètement, il s’agit d’une tendance pour les moins compétents d’estimer à tort leurs capacités, alors que les plus compétents ont souvent tendance à se sous-estimer. Un phénomène qui se vérifie dans divers domaines, y compris ceux où la compétence requiert une maîtrise technique poussée comme le pilotage d’un avion.

Une surconfiance largement masculine

Les données récoltées auprès d’un large public américain révèlent que 36 à 40 % des hommes, dont une majorité de moins de 55 ans, se disent capables de faire atterrir un avion en cas de défaillance du pilote. À l’inverse, seulement 16 à 23 % des femmes partagent cette assurance. Morgane Rudaz, doctorante en études de genre à l’Université de Genève, explique que cette différence s’explique en partie par une socialisation différenciée : « Les femmes proposent un réalisme pratique, conscientes qu’il faut un savoir conséquent pour piloter et atterrir un avion. Les hommes, eux, tendent à surestimer leurs compétences, souvent en raison de normes sociales et éducatives. »

Pilotes en formation ou en opération d'urgence

Une confiance mal placée, surtout chez les hommes

Ce phénomène ne se limite pas à la théorie : il influence aussi la manière dont chacune des sexes s’exprime dans la sphère professionnelle et personnelle. Morgane Dion, autrice et co-fondatrice de Plan Cash, souligne que cette tendance est plus largement liée à une impression de doute systémique qui pèse sur les femmes : « Elles ne manquent pas de confiance, mais sont souvent freinées par un environnement qui ne leur fait pas confiance. »

Ce contexte social conduit souvent les femmes à adopter des comportements plus prudents, voire autocensurés. Naomi Schoenbaum, professeure à GW Law, ajoute que les femmes qui adoptent une attitude assertive subissent davantage de critiques et de jugements négatifs, ce qui les pousse à rationaliser leur comportement et à s’autocensurer « intelligemment ».

Un biais persistant dans la perception de compétence

Les campagnes de sensibilisation et les recherches en psychologie démontrent que cette méconnaissance de ses limites, alimentée par l’effet Dunning Kruger, contribue à la surconfiance masculine. La différence de perception n’est pas propre à l’univers du pilotage mais concerne largement divers secteurs où l’estime de soi et la confiance en ses capacités jouent un rôle-clé dans le comportement individuel.

Ce décalage entre compétence réelle et perception influence également la prise de décision et la manière dont chacun s’engage dans des activités à risque ou nécessitant une expertise précise. Les études insistent sur la nécessité de remettre en question ces illusions pour favoriser une meilleure évaluation de ses aptitudes et encourager une communication plus équilibrée, notamment dans un contexte professionnel marqué par des attentes et des jugements différenciés selon le genre.

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