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La question de savoir si notre avenir doit être décidé par les dirigeants des grandes entreprises technologiques suscite des débats. Pour Simon Johnson, lauréat du prix Nobel d’économie, donner trop de pouvoir à un petit nombre de milliardaires se fera au détriment de l’intérêt public. Cet économiste britannique-américain enseignant au MIT souligne également que le développement de l’intelligence artificielle (IA) devrait bénéficier aux travailleurs les moins qualifiés.
La relation entre démocratie et prospérité économique
Johnson évoque souvent l’impact de l’automatisation sur l’emploi, un sujet qui a contribué à sa récompense Nobel, obtenue avec les économistes Daron Acemoglu et James Robinson. Dans une récente interview avec l’AFP, Johnson a partagé ses observations sur la montée des mouvements populistes dans les pays occidentaux, où de nombreux citoyens se sentent exclus de la croissance économique.
Les déceptions face à la démocratie
Lors de son séjour en France pendant les élections récentes, Johnson a remarqué une grande déception parmi les citoyens, même dans les régions plus prospères. Selon lui, beaucoup de personnes estiment que la démocratie ne répond pas à leurs attentes et que les résultats promis ne sont pas au rendez-vous. Il souligne que pour remédier à cette situation, il est crucial de créer davantage d’emplois de qualité, avec une productivité et des salaires améliorés.
Impact de l’IA sur les travailleurs
Un point de préoccupation majeur pour Johnson est de savoir si l’IA va réellement augmenter la productivité et les salaires des travailleurs peu qualifiés, ou si elle sera utilisée pour remplacer ces travailleurs par des systèmes automatisés, comme les caisses automatiques dans les supermarchés.
Les bénéficiaires de l’IA
Johnson est franc : l’IA profite principalement aux grandes entreprises technologiques. Il appelle à une réflexion sur le pouvoir démesuré accordé à un petit groupe d’individus qui façonnent l’avenir de la technologie. Il met en garde contre le fait de laisser ces « gourous » de la technologie décider de ce qui doit être développé et comment cela impacte les emplois.
La nécessité de réguler Big Tech
Concernant la régulation des géants de la technologie, Johnson critique le modèle économique de sociétés comme Meta (Facebook et Instagram) et Alphabet (Google), qui reposent sur la publicité numérique. Ce modèle, selon lui, manipule les émotions des utilisateurs et nuit à la santé mentale, en particulier chez les enfants, tout en ayant des conséquences négatives sur la démocratie.
Il propose d’imposer une taxe élevée sur la publicité numérique, soulignant que cela pourrait générer environ 200 milliards d’euros de revenus supplémentaires aux États-Unis, ce qui pourrait être réinvesti dans des initiatives de santé mentale.
Vers un modèle économique plus sain
Johnson plaide pour que les entreprises changent leur modèle économique afin de dépendre moins de la publicité numérique, ce qui serait bénéfique à plusieurs niveaux, notamment pour renforcer la démocratie. Il insiste sur l’importance de trouver un terrain d’entente et de réduire les tensions sociales.