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Malgré le nombre effroyable de morts et la souffrance humaine qu’Israël a infligés à Gaza ces deux dernières années, le cessez-le-feu est arrivé trop tôt pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu — du moins aux yeux de certains observateurs.
Des critiques accusent le dirigeant israélien d’avoir instrumentalité la guerre pour détourner l’attention des menaces pesant sur sa position et même sur sa liberté.
Avec le cessez-le-feu désormais en place, ces défis n’ont pas disparu pour autant.
Benjamin Netanyahu cessez-le-feu Gaza constitue désormais un élément central des débats politiques, juridiques et diplomatiques qui détermineront son avenir avant et après les prochaines élections.
L’isolement international va-t-il se poursuivre ?
Israël n’a jamais été aussi isolé sur la scène internationale qu’aujourd’hui, et pour beaucoup Netanyahu en est devenu le visage.
En deux ans, l’élimination de plus de 67 000 Palestiniens et les scènes de famine à Gaza ont provoqué une vague d’indignation mondiale.
À court terme, sauf si le gouvernement israélien parvient à interdire durablement l’accès des journalistes internationaux à Gaza, la multiplication des reportages sur ce qui a été infligé à l’enclave risque de sceller pendant longtemps le statut de paria d’Israël.
En septembre, Netanyahu a tenté de poser les bases d’une stratégie qui semble accepter l’isolement : sa vision d’une « Super Sparte » — référence à l’État grec militaire — esquissait une image d’isolement économique et diplomatique et de guerre continue.
La réaction du marché a été immédiate : la Bourse israélienne a chuté et le shekel s’est effondré.
Le Forum des affaires d’Israël, représentant 200 grandes entreprises, a résumé la contestation par cette phrase : « Nous ne sommes pas Sparte. »
Empty seats as Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu addresses the 80th United Nations General Assembly (UNGA) at UN headquarters in New York City, US, September 26, 2025 (Caitlin Ochs/Reuters).
La droite peut-elle faire éclater la coalition de Netanyahu ?
La réponse est : c’est possible, mais Netanyahu prend des mesures pour l’éviter.
Durant la guerre et après les batailles publiques sur l’indépendance de la justice israélienne, le Premier ministre s’est appuyé sur le soutien de l’extrême droite du pays.
Points-clés :
- Le soutien a pris la forme de ministres influents comme le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, qui ont exprimé leur opposition au cessez-le-feu tout en restant, pour l’instant, au sein de la coalition.
- Craignant des départs, Netanyahu envisagerait une loi exemptant les étudiants des yeshivot ultra-orthodoxes de la conscription, espérant ainsi ramener les partis ultra-orthodoxes à son gouvernement.
- Si cette manœuvre réussit, elle pourrait compenser d’éventuelles défections et assurer la survie de la coalition jusqu’aux élections.
La CPI et la CIJ peuvent-elles toujours juger Netanyahu et Israël coupables ?
Oui, c’est une possibilité réelle.
En novembre 2024, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt internationaux pour crimes de guerre visant Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, ainsi que le commandant militaire du Hamas, Mohammed Deif, que l’armée israélienne a depuis tué.
Parallèlement, la Cour internationale de Justice (CIJ) examine des accusations de génocide contre Israël, et beaucoup considèrent que Netanyahu serait tenu pour responsable en cas de verdict condamnant l’État.
Calendrier et conséquences :
- Il n’y a pas de calendrier fixé pour une décision de la CPI concernant Gallant et Netanyahu.
- La conclusion de l’affaire portée devant la CIJ n’est pas attendue avant fin 2027 au plus tôt.
- Si la CPI trouve des coupables, elle peut prononcer des peines pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison. La CIJ, elle, renvoie généralement tout verdict au Conseil de sécurité de l’ONU pour exécution.
Donald Trump peut-il abandonner Netanyahu ?
C’est une possibilité concrète.
Les États-Unis demeurent le principal soutien économique, militaire et diplomatique d’Israël. Sans ce soutien, Netanyahu et son pays se retrouveraient dans une situation extrêmement précaire.
Toutefois, l’appui de Donald Trump a des limites. Selon des rapports, Trump a été furieux en 2021 lorsque Netanyahu a rapidement félicité Joe Biden après son élection, et il aurait coupé les contacts en mai dernier, craignant d’être manipulé.
Le point d’orgue de la tension serait l’indignation de Trump après une frappe israélienne visant des négociateurs du Hamas à Doha en septembre, au cours de laquelle il aurait dit : « Il me casse les pieds ! »
Netanyahu a mis beaucoup sur sa relation avec l’ex-président américain notoirement imprévisible (Evelyn Hockstein/Reuters).
Y aura-t-il une enquête israélienne sur les manquements avant l’attaque du 7 octobre ?
Cela semble de plus en plus probable.
Des enquêtes séparées sur les défaillances de l’armée et des services de renseignement avant l’attaque du 7 octobre 2023 — qui a fait 1 139 morts et environ 250 otages — ont révélé des lacunes majeures et une confusion au sein des services de sécurité.
Conséquences immédiates :
- Les chefs de l’armée et du renseignement ont démissionné à la suite de ces enquêtes.
- Netanyahu a longtemps résisté à une enquête sur le rôle de son gouvernement, estimant qu’elle serait politiquement partiale et impraticable en temps de guerre.
- Après le cessez-le-feu, la Cour suprême d’Israël a statué à l’unanimité qu’il n’y avait plus « d’argument réel » pour en différer la tenue, donnant au gouvernement 30 jours pour répondre.
Codefendants: Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant sont tous deux accusés de crimes de guerre à la Cour pénale internationale (Abir Sultan/AFP).
Netanyahu risque-t-il la prison ?
La prison reste une possibilité réelle pour le Premier ministre israélien.
Trump a en partie reconnu le lien entre la longue guerre d’Israël contre Gaza et les procès pour corruption visant Netanyahu lors de son intervention devant la Knesset.
Lors de ce discours, Trump a même exhorté le président israélien Isaac Herzog à gracier Netanyahu pour ce qu’il a qualifié de « cigares et champagne ». Dans les faits, Netanyahu est poursuivi dans trois affaires de corruption qui se déroulent, avec de nombreux reports, tout au long du conflit.
Charges et peines potentielles :
- Accusations : corruption, fraude et abus de confiance.
- Peine encourue : les charges retenues pourraient conduire à une peine d’environ dix ans de prison selon les chefs d’accusation évoqués publiquement.