Table of Contents
Les start-up girondines connaissent une croissance remarquable, devenant des acteurs clés dans la création d’emplois. Selon Laurent-Pierre Gilliard, directeur prospective de l’incubateur bordelais Unitec, la levée de fonds, autrefois considérée comme un aboutissement, est désormais réalisée dans le but de conquérir de nouveaux marchés ou de lancer de nouveaux produits. Ce changement de paradigme reflète un modèle plus vertueux et durable.
Une enquête révélatrice
Une enquête récente de Unitec, portant sur 475 start-up toujours actives, révèle un changement significatif : en dix ans, le nombre moyen d’emplois par entreprise a triplé, passant de 5 à 15. Ce développement ne repose pas uniquement sur quelques entreprises, car une centaine d’entre elles comptent plus de vingt salariés, tandis qu’une quarantaine dépasse le seuil des cinquante. Pour la première fois, des start-up dans le secteur numérique, comme Jestocke, une plateforme de stockage entre particuliers, et Yescapa, spécialisée dans la location de vans, ont franchi la barre des 100 emplois.
Lever et recruter
Les projets tournés vers les sciences de l’ingénieur, le hardware et l’industrie sont les principaux moteurs de l’embauche. Bien que représentant un tiers des entreprises, ils génèrent la moitié des nouveaux postes. Laurent-Pierre Gilliard souligne : « Ce sont des entreprises où il y a besoin de gens pour porter la croissance. On est loin du modèle imaginaire de la start-up. »
Selon un bilan du syndicat du numérique Numeum, les 17 000 start-up françaises actives à la fin de 2023 employaient 423 000 personnes, avec une moyenne de 25 salariés par entreprise, un chiffre presque triplé par rapport à 2018. Philippe Métayer, directeur général de la French Tech Bordeaux, commente que cette évolution, en termes d’emplois, est « tout à fait impressionnante ».
Un contexte économique exigeant
Bien que les levées de fonds, bien que toujours nécessaires, soient abondantes, la tendance se déplace vers une structuration plus rigoureuse des entreprises. « Il y a eu une phase historique d’innovation où la levée de fonds était prisée. Aujourd’hui, les entreprises cherchent davantage à générer du chiffre d’affaires », explique un représentant de la French Tech. Ce changement exige du temps et des ressources humaines adéquates.
Malgré un contexte économique incertain, seulement 15 % des structures soutenues par Unitec ont réduit leurs effectifs en 2024, tandis que 30 % ont procédé à des recrutements.
Mouvement vers l’emploi
Le bilan 2024 de Bordeaux Technowest illustre également cette dynamique. Bien que la technopole ait levé 50 millions d’euros l’année précédente, elle met en avant les 13 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés par les 91 start-up accompagnées, ainsi que les 98 nouveaux emplois créés. Ces start-up représentent désormais 346 emplois au total.
Depuis la période post-Covid, plus de 500 emplois ont été générés par des entreprises de plus de dix salariés. François Baffou, directeur général de Bordeaux Technowest, souligne l’importance de cette évolution. Bien que des projets ambitieux soient toujours en cours, générer des revenus et fidéliser les équipes devient essentiel alors que l’accès au financement se resserre.
En 2024, avec 8,1 milliards d’euros collectés, les levées de fonds ont connu une baisse de 10 % en valeur et de 18 % en nombre, selon le baromètre d’In Extenso Croissance.