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L’horreur de Gaza : le camp de Jabalia devenu un cimetière

by Sara
Palestine

L’horreur de Gaza : le camp de Jabalia devenu un cimetière

Un rapport publié par le quotidien Financial Times révèle les détails de la destruction du camp de réfugiés de Jabalia, situé dans le nord de Gaza, qui compte environ 200 000 habitants. Selon des témoins oculaires et des responsables locaux, ce camp, décrit comme « une partie vitale de la vie palestinienne », s’est transformé en « amas de décombres ».

Des conditions humanitaires désastreuses

Après des mois de bombardements incessants, la situation des habitants s’est gravement détériorée. Ibrahim Khirbashi, un habitant du camp, décrit la situation en ces termes : « Nous voyons des corps et personne n’ose les soulever, nous entendons les blessés crier jusqu’à ce qu’ils meurent ». Le rapport qualifie les actions d’Israël de destruction totale du camp.

En raison du blocus qui perdure, les habitants souffrent d’une grave pénurie de nourriture, d’eau et de médicaments. Selon les Nations Unies, les efforts pour acheminer de l’aide dans la région sont devenus presque impossibles. Tom Fletcher, responsable des affaires humanitaires à l’ONU, déclare : « Nous avons tenté d’acheminer de l’aide 140 fois, mais en vain ».

Un acte d’effacement de l’histoire

Pour de nombreux Palestiniens, la destruction de Jabalia n’est pas seulement une attaque contre l’infrastructure de la région, mais aussi une tentative de faire disparaître l’histoire des réfugiés palestiniens, qui remonte à la Nakba de 1948. Musab Abu Taha, réfugié et poète, déclare à ce sujet : « La destruction de ce camp, qui était le centre de la première intifada, est une destruction de l’histoire des réfugiés qui dure depuis environ 76 ans ».

Le rapport souligne que la région était un centre névralgique de la vie palestinienne. Les réfugiés se souviennent de monuments tels que la mosquée Al-Awda, les marchés animés, la glace et les gâteaux du célèbre magasin Al-Zaytoun au cœur du marché, ainsi que la salle de mariage de Bagdad où beaucoup se sont mariés.

La mémoire d’une vie effacée

Le marché était connu pour ses prix bas, et les baklavas fourrés aux pistaches de la pâtisserie Al-Qadi étaient emblématiques. Le sport faisait partie intégrante de la vie quotidienne, et les gens se retrouvaient dans les cafés pour regarder les grands matchs. Cependant, le bombardement israélien, qui ne s’est pas limité à Jabalia mais a également touché les villes de Beit Lahia et Beit Hanoun, a transformé tout ce que les Palestiniens connaissaient en « cimetière de souvenirs ». Des actions décrites par un ancien responsable israélien comme un acte de « nettoyage ethnique ».

Les récits de souffrance

Les histoires des habitants, rapportées par le rapport, illustrent l’ampleur de la souffrance humaine, comme celle d’Abdallah Abu Saif, un homme âgé de 82 ans. Lui et sa famille ont dû fuir leur maison détruite sur une charrette tirée par un âne après que la farine est venue à manquer. Le toit de leur maison effondrée ne les protégeait plus de la pluie.

Malgré sa fragilité physique et sa conscience limitée de la possibilité de ne jamais revenir, Abu Saif a demandé à son petit-fils de l’aider à revoir les lieux qui ont marqué sa vie pour la dernière fois, tels que la salle de mariage où tous ses enfants se sont mariés, l’école où il a étudié et la tombe de ses parents.

Malheureusement, chaque site était rempli de débris. Son fils Ibrahim exprime : « Il n’y avait rien à voir, rien que des ruines et des décombres. Les repères de la vie de mon père ont été entièrement effacés ; il ne reste que des souvenirs ».

Un combat pour la survie

De son côté, Abu Taha a perdu sa bibliothèque contenant des milliers de livres à cause des bombardements. Il déplore que la perte soit devenue une partie intégrante de la vie des Palestiniens, repoussés « de plus en plus loin de leur terre et des souvenirs qui doivent être préservés ».

Le rapport mentionne également Abed Abu Ghassan, l’un des rares à avoir choisi de rester au camp malgré les dangers. Dix jours avant d’être tué par un bombardement israélien, il avait déclaré : « Nous, les habitants du nord, aimons cette terre, mais la situation est devenue catastrophique ; la faim, la peur et la destruction sont omniprésentes ».

Avec l’intensification des bombardements et les attaques aléatoires, Abu Ghassan a été tué lors d’une frappe aérienne sur sa maison à Beit Lahia, une région qu’il aimait et dont il a refusé de partir. Il est devenu un témoin supplémentaire de la catastrophe humanitaire à Gaza, selon le rapport.

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