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Le gouvernement français a récemment suscité des débats en publiant deux vidéos historiques générées par intelligence artificielle. Ces vidéos, destinées à rendre hommage aux Résistantes de la Seconde Guerre mondiale et aux femmes ayant voté pour la première fois il y a 80 ans, ont été critiquées pour leur manque de précision et de profondeur. Les historiens expriment leur inquiétude face à cette tendance.
Des erreurs historiques dans les vidéos
Les vidéos publiées sur les réseaux sociaux par le Service d’information du gouvernement (SIG) incluent des éléments anachroniques, comme la présence d’un soldat allemand en pleine célébration de la libération de Paris, ou encore un drapeau japonais, surprenant étant donné les alliances de l’époque. Ces images ont provoqué une forte réaction parmi les internautes et les historiens.
Sylvie Zaidman, directrice du Musée de la Libération de Paris, a exprimé son étonnement : « Au départ, j’ai regardé cette animation avec beaucoup de curiosité, mais le résultat m’a bien inquiétée, surtout venant d’une source officielle que quantité de gens vont considérer comme fiable ».
Le manque de vérification des contenus
De nombreux historiens se sont alarmés de la qualité de ces vidéos. Selon Zaidman, le scénario était trop simpliste pour comprendre l’histoire de la Résistance. « Qui peut y comprendre quelque chose en moins de 30 secondes ? », a-t-elle interrogé. L’approche a été basée sur le format POV (« point of view »), populaire sur les réseaux sociaux, mais sans vérification par des spécialistes de l’histoire.
Michaël Nathan, directeur du SIG, a reconnu que la vidéo n’avait pas été validée par des experts avant sa publication, soulignant ainsi un problème de fond dans la manière dont ces contenus sont élaborés.
Un second incident : les 80 ans du vote des femmes
Peu après, le SIG a publié une nouvelle vidéo pour célébrer les 80 ans du premier vote des femmes en France. Bien que cette vidéo ne comportait pas d’erreurs historiques manifestes, elle a été critiquée pour son contenu superficiel. Anne-Sarah Moalic Bouglé, historienne spécialisée dans le droit de vote des femmes, a qualifié cette vidéo d’inutile et sans message significatif.
Elle a ajouté qu’il aurait été pertinent de rappeler le long combat pour ce droit et d’évoquer la liberté des femmes, un sujet d’actualité dans de nombreux pays.
Éducation des jeunes face à l’IA
Les enseignants, comme Christine Guimonnet, constatent également une prolifération d’images générées par IA qui véhiculent des stéréotypes et des préjugés. Pour contrer cette problématique, elle utilise ces exemples en classe pour sensibiliser ses élèves aux dangers de l’intelligence artificielle. Guimonnet souligne la nécessité de vérifier les contenus produits par ces technologies avant de les diffuser.
Technologie et responsabilité historique
Le Musée de la Libération de Paris se démarque par son utilisation responsable des technologies. Sylvie Zaidman a insisté sur l’importance du contrôle de la qualité et de l’exactitude historique dans les contenus diffusés, soulignant que cela nécessite du temps et un travail approfondi, loin de la rapidité des créations générées par IA.
Anne-Sarah Moalic Bouglé conclut sur la nécessité d’une réflexion approfondie sur le message à transmettre, plutôt que de se contenter de produire du contenu juste pour exister sur les réseaux sociaux.