Table of Contents
Les relations entre la Ligue de football professionnel (LFP) et le diffuseur DAZN se sont brusquement détériorées, avec la décision prise par la LFP de rompre le contrat de droits TV dès la fin de la saison en cours. Ce choix, refusé par DAZN, plonge le football français dans une profonde incertitude quant à l’avenir de la diffusion de la Ligue 1.
Une médiation sans issue et un contrat au cœur du conflit
La médiation engagée début mars entre la LFP et DAZN n’a pas permis de trouver une solution amiable. Alors que le contrat, signé pour une durée jusqu’en 2029, prévoit un versement annuel de 400 millions d’euros pour la diffusion de huit matchs par journée, il offrait néanmoins la possibilité à chaque partie de le résilier à l’issue de la saison 2025-2026.
Malgré cette clause, la Ligue a pris la décision de mettre fin à l’accord dès la fin de cette saison. DAZN, pour sa part, a rejeté cette rupture et exige en justice une compensation de 573 millions d’euros, accusant la LFP de « manquement observé » et de « tromperie sur la marchandise ».
Par ailleurs, la chaîne qatarie BeIn Sports continue de diffuser un match par journée, s’acquittant d’environ 100 millions d’euros annuels.
Une rupture motivée par un « manque de coopération »
DAZN a regretté l’absence d’avancées lors de la médiation, soulignant que les divergences étaient trop importantes pour convenir d’un accord. Le diffuseur a également pointé du doigt les conditions d’exploitation difficiles, notamment le piratage et le manque de soutien de certains clubs dans la valorisation du produit Ligue 1.
Le Conseil d’administration de la LFP, après avoir constaté des retards de paiement – notamment un différé de 35 millions d’euros en début d’année qui a finalement été réglé – a décidé de rompre le contrat. Cette décision s’inscrit dans un contexte où DAZN doit encore régler deux échéances prévues fin avril et fin juin, s’élevant à 140 millions d’euros.
La LFP a proposé à DAZN un règlement financier comprenant le paiement des derniers montants dus jusqu’à la fin de la saison, soit 140 millions d’euros, ainsi qu’une indemnité comprise entre 110 et 125 millions d’euros pour la saison suivante. Cette offre a été rejetée par le diffuseur.
Une crise qui menace l’avenir du football français
Cette rupture des droits TV entraîne une grande incertitude, notamment pour les clubs dont les budgets dépendent fortement des revenus générés par ces contrats. Un long contentieux pourrait déstabiliser leurs finances et compliquer la gestion économique des équipes.
La question majeure reste la diffusion de la Ligue 1 pour la saison prochaine : où les supporters pourront-ils suivre les matchs ? Quel sera le montant que la LFP pourra négocier avec un futur diffuseur ? Entre l’échec récent avec DAZN, la faillite de Mediapro en pleine pandémie et les relations tendues avec Canal+, l’issue semble incertaine.
Le football français risque ainsi une déflation significative, susceptible d’entraîner le départ de joueurs majeurs et des stratégies de recrutement plus modestes.
Un marché des droits TV en nette perte de valeur
Les revenus générés par les droits TV en France sont nettement inférieurs à ceux des grands championnats européens : environ 2 milliards d’euros en Angleterre, 1 milliard en Espagne et en Allemagne, et 900 millions d’euros en Italie. Cette disparité renforce les inquiétudes sur la compétitivité des clubs français.
Enfin, une piste évoquée pour faire face à cette crise est la création d’une chaîne 100 % détenue et produite par la LFP, soutenue par certains clubs comme Lens ou Lyon. Toutefois, cette solution, bien que crédible à moyen terme, ne générerait que peu de revenus dans un premier temps.