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Des sites archéologiques et des monuments historiques en Inde sont assombries par l’ombre d’une bannière orangée, communément appelée « safran ». Ce phénomène est au cœur d’une enquête publiée par le mensuel The Caravan, qui souligne comment le Service archéologique de l’Inde renforce l’histoire à travers le prisme de l’hindutva. Sous le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi, cette couleur, associée à l’hindouisme, est devenue le symbole de l’hindutva, une idéologie valorisant la suprématie hindoue sur les autres communautés.
Une institution controversée
Le Service archéologique de l’Inde (ASI), fondé en 1861 durant l’ère coloniale britannique, est décrit comme un « mastodonte » par The Caravan. Ce service est le principal organisme chargé de protéger et maintenir le patrimoine indien. Son mandat est censé être neutre, se basant uniquement sur des preuves archéologiques vérifiables. Cependant, cette impartialité est remise en question. Le journal rapporte que plusieurs archéologues au sein de l’ASI sont accusés de partialité, notamment en faveur des projets politiques du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti de Narendra Modi.
Des révélations troublantes
Peu avant les élections législatives de l’année dernière, l’ASI a publié une enquête suggérant que le site d’une mosquée à Bénarès aurait été à l’origine un temple hindou. Cette affirmation est « clairement contredite par une abondance de preuves scientifiques ». De plus, en 2019, des militants ont tenté d’enterrer une idole dans l’enceinte de la mosquée pour prouver l’historicité hindoue du lieu. Malheureusement, les conclusions de l’ASI ont été relayées par Modi comme un fait établi, renforçant ainsi des revendications historiques contestées.
Les conséquences des manipulations
Ce genre de controverse n’est pas nouveau en Inde. Lors de la publication du rapport de l’ASI, Narendra Modi inaugurait le temple d’Ayodhya, un projet colossal construit sur le site d’une mosquée détruite par des groupes d’extrême droite hindouiste en 1992, déclenchant des violences contre les musulmans. Ce contexte montre que les vestiges archéologiques sont souvent utilisés à des fins politiques, alimentant ainsi des tensions communautaires.
Un fossé entre archéologie universitaire et officielle
Gautam Sengupta, ancien directeur général de l’ASI, a déclaré que « l’archéologie officielle est étatiste » et qu’il existe un décalage entre l’archéologie critique, pratiquée dans le milieu académique, et l’archéologie qui sert des intérêts politiques. Cette situation rend le domaine de l’archéologie en Inde particulièrement chargé politiquement, dépassant souvent le cadre universitaire.