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Logement à Milan : un défi pour les jeunes générations

by Sara
Italie

La question que se posent de nombreux jeunes à Milan est : comment une jeune couple ou un célibataire peut-il se loger dans cette ville où les prix de l’immobilier atteignent des sommets ? Ce défi se pose à ceux qui débutent leur parcours professionnel et social.

Une première maison au prix abordable

Ma première maison à Milan, un petit studio situé dans une rue perpendiculaire au Viale Monza, a été achetée par mon père à la fin des années 1970. Il l’a payée quinze millions de lires, ce qui équivaut aujourd’hui à environ soixante mille euros. À l’époque, le coût d’un petit appartement à Milan n’était pas beaucoup plus élevé que celui d’une voiture haut de gamme. Par exemple, une Mercedes ou une BMW coûtait entre dix et douze millions de lires en 1980. Si cette proportion avait été maintenue, aujourd’hui, un studio à Milan devrait coûter autour de cent mille euros. Pourtant, aujourd’hui, il en coûte au moins le triple.

Une réalité difficile pour les jeunes

Ce petit appartement a été ma tanière adorée jusqu’à mes trente ans. Lorsque j’ai fondé ma famille, je l’ai revendu et, en ajoutant un prêt sur vingt ans, j’ai acheté une maison dans les environs, rue Rovereto, d’une superficie de cent mètres carrés. Avec mon salaire de journaliste à l’*Unità*, j’y arrivais. Progressivement, étape par étape, tout en faisant très attention aux dépenses. Je me sentais engagé dans la vie de ma ville. Bien que vivant en périphérie, j’étais indépendant, au début d’une course à laquelle presque personne (petite bourgeoisie, employés, salariés) ne pouvait contester son appartenance.

Des prix exorbitants aujourd’hui

Aujourd’hui, pour le même studio où j’ai vécu mes vingt ans, il faudrait débourser au moins trois cents mille euros. Aucun logement à Milan, dans aucun quartier, ne coûte moins de trois mille euros le mètre carré, même en mauvais état. En bon état, les prix atteignent de sept à huit mille euros le mètre carré. Il est crucial de préciser que je ne parle pas seulement des quartiers les plus prestigieux, mais de l’ensemble de la ville, y compris les périphéries et les quartiers en cours de gentrification.

Le défi économique et psychologique

Ce récit n’a pas pour but d’évoquer la nostalgie des « bons vieux temps ». Je n’aspire pas non plus à me joindre aux plaintes largement exprimées concernant le pouvoir de la spéculation immobilière et les bulles financières, que aucune politique ou institution ne semble en mesure de contrôler. La question que je me pose souvent en visitant des appartements à Milan est la suivante : comment une jeune couple ou un célibataire, débutants dans leur parcours social et professionnel, peuvent-ils se loger dans cette ville ? Comment ceux qui ne naissent pas dans un milieu favorisé peuvent-ils se sentir partie prenante de cette course à laquelle je me suis senti naturellement inscrit dès l’âge de vingt ans, avec un salaire à peine supérieur à celui d’un ouvrier ?

Une société en mutation

En plus de l’aspect économique, il y a aussi la question psychologique. L’énergie de la vie urbaine nous influence, mais comment les jeunes se sentent-ils face à cette marginalité ? Une société dynamique et saine peut-elle s’épanouir si elle dépend principalement du soutien des générations plus âgées, consommant leurs ressources et engendrant principalement de la frustration ?

Une situation préoccupante

Ces thèmes ne sont pas nouveaux et ont été abordés plusieurs fois. Cependant, l’idée que les conditions de vie et l’état d’esprit de nombreux jeunes soient sous le joug de forces qui échappent totalement à leur contrôle est troublante. Cela nous ramène à un état de soumission et de fatalisme qui contraste avec le mythe du capitalisme, qui promettait des opportunités d’amélioration. Le marché peut-il ainsi imposer des discriminations aussi évidentes et fondamentales que le logement, à l’encontre d’une majorité de la population ?

Les conséquences d’un marché sans régulation

Il est facile de se résigner à l’idée que les logements à Milan et à Rome sont devenus inaccessibles. Beaucoup affirment cela comme une fatalité. Mais l’idée que le marché soit le seul acteur déterminant de notre avenir semble une mémoire floue du passé. Un jour, nous pourrions entendre dire que seules les riches et leurs enfants peuvent vivre dans les grandes villes, tandis que les autres doivent s’en aller.

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