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Une récente revue systématique a révélé que les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) concernant la lombalgie chronique ne prennent pas en compte la perte de poids, en raison d’un faible niveau de confiance dans les données disponibles et d’études présentant un risque élevé de biais. Par ailleurs, aucune directive ne mentionne le sevrage tabagique. Si l’exercice physique est reconnu comme un traitement clé pour les lombalgies, la littérature sur le mode de vie sédentaire reste limitée. Face à ces lacunes, un essai clinique a été réalisé afin d’évaluer l’impact de l’intégration de soins liés à l’hygiène de vie dans la gestion de la lombalgie chronique, comparé aux soins standards basés sur les recommandations actuelles.
Essai randomisé impliquant 346 patients lombalgiques
Entre 2017 et 2020, une étude contrôlée a été conduite en Australie auprès de 346 participants souffrant de lombalgie chronique, présentant au moins un facteur de risque lié au mode de vie, notamment le surpoids, une alimentation déséquilibrée, l’inactivité physique ou le tabagisme. Ces patients ont été répartis de façon aléatoire en deux groupes : 174 ont bénéficié de l’intervention HeLP, tandis que 172 ont reçu les soins de rééducation standards alignés sur les recommandations, avec une stratification selon l’indice de masse corporelle (IMC).
L’intervention visant à promouvoir un mode de vie plus sain combinait des consultations de physiothérapie et de diététique, des ressources éducatives, ainsi qu’un accompagnement téléphonique par coaching de santé sur une durée de six mois. Le critère principal d’évaluation était l’incapacité fonctionnelle liée à la lombalgie mesurée à 26 semaines grâce au Roland Morris Disability Questionnaire (RMDQ), dont le score varie de 0 à 24, les valeurs les plus élevées indiquant une invalidité plus importante. Le poids, l’intensité de la douleur, la qualité de vie et le tabagisme ont également été examinés.
Résultats significatifs en faveur de l’hygiène de vie
Les participants, âgés en moyenne de 50,2 ans avec une majorité de femmes (55 %), affichaient un score RMDQ médian initial d’environ 14 (14,7 dans le groupe d’intervention contre 14,0 dans le groupe témoin). Après 26 semaines, la différence entre les deux groupes s’élevait à -1,3 point en faveur de l’intervention HeLP (intervalle de confiance à 95 % entre -2,5 et -0,2 ; p = 0,03).
En outre, une amélioration clinique significative des critères secondaires a été observée dans le groupe bénéficiant de l’intervention, avec une perte de poids moyenne de 1,6 kg (IC 95 % : -3,2 à -0,0 kg ; p = 0,049) et une amélioration plus marquée de la qualité de vie, évaluée par le score de fonctionnement physique qui a progressé de 1,8 point (IC 95 % : 0,1 à 3,4 ; p = 0,04).
Vers une prise en charge globale intégrant le mode de vie
Les résultats de cet essai clinique randomisé suggèrent que la prise en compte des facteurs de risque liés au mode de vie dans la gestion des lombalgies chroniques peut améliorer l’incapacité fonctionnelle plus efficacement que les soins standards basés uniquement sur les lignes directrices. Un bénéfice notable a été observé chez les patients ayant suivi au moins la moitié du programme proposé.
Ces modèles de soins, qui combinent soutien comportemental et interventions personnalisées, apparaissent prometteurs pour réduire l’invalidité, le poids corporel et améliorer la qualité de vie. Il serait pertinent d’explorer les effets à long terme de ces approches, tant sur l’évolution fonctionnelle des lombalgies que sur la prévention d’autres maladies chroniques.
Par ailleurs, les technologies numériques actuelles ouvrent la voie à une large gamme d’interventions adaptées aux besoins spécifiques des patients, améliorant à la fois l’accessibilité et l’acceptabilité des programmes d’hygiène de vie.