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À Neuchâtel, une mobilisation se prépare ce dimanche pour lutter contre le harcèlement scolaire. L’opération «Tu n’es pas seul» réunit associations, témoins, artistes et élus afin de sensibiliser et protéger les élèves victimes de violences et d’intimidations.
Un fléau qui touche jusqu’à un élève sur cinq
Moqueries, insultes, violences verbales ou physiques, harcèlement en ligne… Les élèves victimes de harcèlement à l’école vivent une véritable détresse. Patrick Schutz, ancien élève victime lui-même, souligne que ce phénomène entraîne souvent isolement, souffrance, décrochage scolaire, voire des risques suicidaires.
Selon le rapport Pisa 2022, plus de 10% des élèves suisses subissent du harcèlement scolaire. Vivian Schmid, membre de l’association de motards Les Templiers, estime que ce taux pourrait atteindre 20%. Ces chiffres reflètent une réalité préoccupante qui nécessite une action coordonnée.
Des associations engagées pour la protection des élèves
L’association «Tu n’es pas seul» organise à Neuchâtel sa deuxième édition d’un événement qui vise à offrir écoute et soutien aux victimes. Mélanie Comby, présidente de l’Association Morane, fondée en mémoire de sa fille qui s’est suicidée à 22 ans, insiste sur l’importance de ces rendez-vous qui manquent dans la région romande.
Les Templiers, une association de motards créée en 2021, comptent aujourd’hui 80 membres et ont reçu 143 appels à l’aide en quatre ans en Suisse romande. Leur action consiste à accompagner, en toute légalité, les élèves harcelés lors de leurs trajets, assurant leur protection visible mais sans intervenir dans l’enceinte scolaire.
L’urgence des appels et les actions de sensibilisation
Mélanie Comby relate que l’Association Morane reçoit trois à quatre appels quotidiens de jeunes en détresse. «Je me souviens notamment d’une fillette de neuf ans qui menaçait de se jeter dans le Rhône», confie-t-elle. L’association mène aussi des interventions dans les écoles valaisannes, partageant notamment le témoignage poignant de Morane pour éveiller la conscience des élèves.
Daphné Jaquet-Chiffelle, directrice de l’école Tatout, met en place des cours personnalisés destinés à redonner confiance aux élèves harcelés. Elle souligne l’importance de l’humour et de l’autodérision comme moyens de désarmer les intimidateurs. L’établissement propose également des leçons de self-défense, réservées à des cas précis, pour se protéger sans encourager la violence.
Mesures législatives et initiatives au niveau cantonal
Niels Rosselet-Christ, député UDC au Grand Conseil neuchâtelois et ancien harcelé scolaire, s’est activement impliqué dans l’élaboration de motions contre le harcèlement votées en septembre 2024. Parmi les mesures proposées, figure l’interdiction des smartphones dans l’enceinte scolaire, un outil devenu une arme dans les mains des harceleurs, notamment via le cyberharcèlement.
Le Canton de Neuchâtel prévoit ainsi d’interdire les téléphones portables à l’école et de mieux coordonner les efforts entre les établissements. Par ailleurs, à partir de 2026, le harcèlement obsessionnel, ou stalking, sera inscrit dans le Code pénal suisse.
Les écoles, premières concernées dans la lutte contre le harcèlement
Jean-Claude Marguet, responsable du Service de l’enseignement obligatoire du Canton de Neuchâtel, reconnaît la difficulté à éradiquer le harcèlement scolaire. Des études sont conduites périodiquement, la dernière datant de 2024, afin d’identifier les problèmes et adapter les interventions.
Dans tous les établissements, des affiches rappellent les numéros d’urgence tels que le 143 ou le 147, ainsi que des ressources numériques destinées aux élèves. Ces informations figurent également dans les agendas scolaires pour garantir un accès facile aux aides.
Une jeune artiste témoigne : «De victime, je suis devenue guerrière»
Lenda, 17 ans, a subi du harcèlement tout au long de sa scolarité. Aujourd’hui, elle partage son histoire à travers un livre coécrit avec sa mère, intitulé «Comme si de rien», ainsi que dans ses chansons. Ce témoignage poignant révèle les blessures laissées par le harcèlement, qui l’ont conduite à des tentatives de suicide.
Elle explique comment des rumeurs infondées et son hypersensibilité l’ont rendue cible. Malgré l’adversité, Lenda souhaite aborder ce thème avec optimisme, notamment dans son futur album «Mini-moi», axé sur la résilience et l’espoir.
