Belgrade a connu une journée de colère historique, samedi 15 mars. Dans une ambiance électrisante, des centaines de milliers de Serbes – 100 000 selon la police, environ 300 000 selon une organisation de comptage indépendante – ont déferlé dans les rues de leur capitale pour réclamer *« justice »* au cinquième mois d’un mouvement de protestation anticorruption sans précédent dans ce pays des Balkans, comptant seulement 6,6 millions d’habitants.
Le cri de la jeunesse
*« Nous ne permettrons plus à la corruption de mettre en danger la vie de quiconque, comme cela s’est passé à Novi Sad où elle a fait quinze morts »*, a déclaré une oratrice étudiante, acclamée par une immense foule. Elle faisait référence à l’effondrement de l’auvent de la gare de la deuxième ville du pays survenu le 1er novembre 2024, dans une infrastructure récemment rénovée. Ce drame a engendré une vague de colère qui a d’abord touché les universités avant de s’étendre à l’ensemble de la société.
Une manifestation pacifique mais tendue
La manifestation de samedi rappelle les mobilisations des années 1990 qui ont conduit à la chute de l’ancien dictateur Slobodan Milosevic en 2000. Les étudiants, rejoints par des Serbes de tous âges, ont occupé les rues de Belgrade dans une ambiance majoritairement pacifique, malgré quelques provocations de la part de nervis du pouvoir habillés en noir et masqués. Les étudiants ont finalement décidé de dissoudre la manifestation plus tôt après l’utilisation d’une mystérieuse arme sonore, qui a provoqué un bref mouvement de panique pendant un moment de recueillement silencieux en hommage aux victimes de Novi Sad.