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Les escroqueries sentimentales à des fins migratoires, souvent qualifiées de « mariages gris », touchent particulièrement les Français issus de l’immigration. Bien qu’elles soient réprimées par la loi, prouver leur existence devant un tribunal reste un défi. Cette notion est controversée, certains la qualifiant de « raciste ».
Le témoignage d’Asma H.
Asma H., 44 ans, habite à Brignoles dans le Var. Elle essaie de surmonter son chagrin après la séparation d’avec son mari Chérif, qui lui a annoncé le 21 avril 2023 qu’il n’était plus amoureux. Chérif, père de leur fils Aylan, désormais âgé d’un an, ne donne plus de nouvelles de son enfant. Malgré un jugement du tribunal de Draguignan, il ne se présente pas et la CAF a dû intervenir pour assurer la pension alimentaire. Selon des informations, Chérif, qui a obtenu une carte de résident de dix ans la veille de leur rupture, attend une nouvelle épouse à Marseille. Asma pense désormais que leur mariage était une arnaque : *« c’était un mariage gris, depuis le début il voulait des papiers »*.
Qu’est-ce qu’un mariage gris ?
Le terme « mariage gris » a été introduit dans la législation en juin 2011. À l’époque, le philosophe Philippe Huneman critiquait cette initiative dans *Libération*. Éric Besson, alors ministre de l’Immigration, cherchait à différencier les mariages blancs, où les deux partenaires sont complices, des escroqueries où l’un des conjoints est trompé. Les mariages gris et blancs entraînent des sanctions de cinq ans d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Ces fraudes constituent un détournement des voies légales d’immigration, comme l’indique le ministère de l’Intérieur.
Les conséquences des mariages gris
Un mariage célébré à l’étranger permet au conjoint d’obtenir le droit d’entrer en France et, si la relation se maintient, de demander un titre de séjour pour « vie privée et familiale ». Cependant, le ministère des Affaires étrangères avoue qu’il est difficile d’évaluer le nombre exact d’escroqueries. Un rapport de 2012 du réseau européen des migrations a noté une multiplication par deux des demandes d’annulation de mariages en quinze ans, soulignant une possible sous-évaluation du phénomène.
Un phénomène en augmentation
Bien que l’ampleur des mariages gris soit difficile à quantifier, leur existence est indéniable. Les impacts de ces escroqueries sont suffisamment graves pour susciter des initiatives législatives visant à mieux protéger les victimes et à renforcer la lutte contre ces pratiques frauduleuses.