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Marseille : procès historique pour les effondrements mortels de la rue d’Aubagne
Six ans après la tragédie qui a secoué le centre-ville de Marseille, la justice a rendu son verdict dans l’affaire des effondrements du 5 novembre 2018. Deux immeubles insalubres situés au 63 et 65 rue d’Aubagne se sont effondrés sous le poids de leur délabrement, causant la mort de huit personnes, dont une mère et ses deux enfants, ainsi que d’autres victimes. Un drame qui a mis en lumière l’état critique du logement social et privé dans la ville, ainsi que l’inaction des autorités face aux signalements répétés.
Un procès à rebondissements et des responsabilités mitigées
Le tribunal judiciaire de Marseille a jugé 16 personnes et entités pour homicide involontaire, négligence et conditions d’hébergement indignes. Parmi eux, des copropriétaires, un ancien directeur d’organisme HLM, des experts et des élus locaux. La particularité de ce procès réside dans l’émotion qu’il a suscitée, notamment lors de l’état de santé du copropriétaire Sébastien Ardilly, qui a fait un malaise lors de la lecture du verdict, interrompant la séance.
La justice a établi que l’état des immeubles était inéluctable, mais que l’absence de travaux, la négligence et une gestion défaillante ont aggravé la catastrophe. La responsabilité de Marseille Habitat, gestionnaire du bâtiment du 63 rue d’Aubagne, ainsi que celle des copropriétaires du 65, est particulièrement mise en cause. La condamnation la plus lourde concerne trois copropriétaires, reconnus coupables de négligence ayant indirectement causé la décès d’Ouloume Saïd Hassani, mère de famille originaire de Comores.
Les responsabilités et les lacunes des acteurs institutionnels
Les débats ont révélé un manquement criant dans la prise en charge des immeubles. Aucun plan d’intervention efficace n’avait été mis en œuvre, malgré les alertes et signalements répétés. La gestion patrimoniale défaillante ainsi que le manque de diagnostics sérieux ont été pointés du doigt. La justice a aussi condamné la passivité des élus et des services administratifs, alors que la situation risquait de dégénérer.
« Plus jamais », a clamé une militante mobilisée lors du procès. La volonté de changer le regard porté sur le logement indigne s’impose comme une priorité pour Marseille et ses habitants.
Ce verdict intervient dans un contexte où la ville continue de recenser plusieurs centaines d’immeubles en péril chaque mois, illustrant la persistance du problème social et urbain dans la cité phocéenne.
Une mémoire vivante et des mesures encore à consolider
Le procès des effondrements de la rue d’Aubagne, considéré comme un tournant dans la justice française sur la responsabilité du logement indigne, a marqué un moment de vérité pour Marseille. La condamnation de certains acteurs, tout en soulignant les insuffisances structurelles, doit ouvrir la voie à une réelle politique de prévention et de réhabilitation du parc immobilier fragile. Les victimes et leurs familles attendent désormais que des mesures concrètes soient prises pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise.