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Le Parlement français a adopté définitivement le 10 juillet le projet de loi visant à « refonder » Mayotte, une étape majeure dans la politique de développement et d’intégration de ce territoire ultramarin confronté à de nombreux défis sociaux, économiques et migratoires. Après plusieurs mois de débats houleux, ce texte représente une réponse politique aux enjeux cruciaux de l’archipel, récemment marqué par le passage dévastateur du cyclone Chido.
Un engagement financier sans précédent
Ce projet de loi prévoit un investissement massif de 4 milliards d’euros en faveur de Mayotte, répartis sur six ans, visant à réduire l’écart avec l’Hexagone. La loi inscrit également la « convergence sociale » dans le cadre législatif, avec un horizon fixé à 2031. Parmi les mesures phares, l’alignement progressif des droits sociaux, notamment du RSA, qui y restent deux fois plus faibles qu’en métropole, témoigne de l’ambition du gouvernement pour un développement plus équitable.
Mesures de lutte contre l’immigration et l’habitat illégal
Manuel Valls, ministre des Outre-mer, insiste sur l’intensification de la lutte contre la clandestinité et l’habitat informel à Mayotte. Le texte durcit notamment les conditions d’obtention de titres de séjour, compte tenu du fait que près de la moitié de la population est étrangère. En parallèle, il facilite la destruction des bidonvilles et supprime l’obligation de relogement lors des évacuations, suscitant des critiques parmi les associations et certains élus locaux.
Les enjeux de souveraineté et de solidarité
La suppression en 2030 du visa territorialisé permettrait aux Mahorais de se rendre dans l’Hexagone, une réforme vivement critiquée par la population locale qui y voit une injustice et une absence de solidarité. La loi comprend aussi un recensement exhaustif dès 2025, destiné à mieux évaluer la population réelle, souvent sous-estimée, afin de mieux orienter les financements et les services publics.
Une autre avancée majeure concerne la facilitation des expropriations pour la réalisation d’infrastructures prioritaires. Cependant, cette mesure a soulevé une vive opposition sur l’archipel, où la méfiance à l’égard d’une mainmise accrue de l’Etat sur le foncier demeure forte. Plusieurs élus locaux dénoncent également le manque d’actions concrètes sur des enjeux essentiels comme l’eau potable, la santé ou la transition écologique, malgré l’importante enveloppe financière annoncée.
Une loi contestée et source de tensions
Les débats parlementaires ont été vifs, la gauche dénonçant une politique migratoire « inhumaine » et « sécuritaire », à l’opposé des ambitions sociales affichées. La députée mahoraise Anchya Bamana regrette que malgré les investissements, la question de l’accès à l’eau reste une urgence, alors que les coupures sont encore fréquentes dans l’archipel.
Le Rassemblement national et d’autres groupes d’extrême droite ont revendiqué une victoire politique, saluant la fermeté du texte contre l’immigration clandestine, l’un des principaux défis de Mayotte. La majorité des parlementaires opte pour une approche stricte, même si certains dénoncent un éloignement des véritables enjeux de développement durable, tels que la santé et la gestion de l’eau.