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Les médecins en France se trouvent au cœur d’une situation préoccupante qui soulève de vives inquiétudes. En effet, une cinquantaine d’entre eux, dont Ahmed, un anesthésiste âgé de 36 ans et originaire d’Algérie, sont contraints par leur employeur, le Grand hôpital d’Est francilien (Ghef) en Seine-et-Marne, de rembourser des primes qui étaient pourtant stipulées dans leur contrat. Cette demande, qui représente des sommes considérables, est perçue comme une trahison par ces professionnels de santé.
Des primes promises et une réalité troublante
Le Ghef avait instauré une prime représentant plus de la moitié du salaire pour attirer des praticiens associés diplômés hors de l’Union européenne (Padhue), dans un contexte de pénurie de médecins en France. Cependant, cette mesure est considérée comme illégale étant donné que ces médecins étrangers, jusqu’à l’obtention de leur équivalence via un concours, sont en fait considérés comme des stagiaires, rémunérés environ 1.500 euros bruts par mois. Au lieu de reconnaître cette erreur, l’hôpital a exigé le remboursement, faisant peser sur les médecins des dettes allant jusqu’à 100.000 euros. Au total, l’hôpital espère récupérer près de 2,7 millions d’euros.
Une mobilisation parlementaire
Face à cette situation jugée scandaleuse, huit parlementaires se sont mobilisés. Ils ont qualifié cette demande de remboursement d’« ubuesque » dans une lettre adressée au ministre de la Santé. Delphine Krzisch, avocate de plusieurs plaignants, a déclaré : « Qui pourra travailler demain dans le secteur public si l’employeur peut vous demander de rembourser des primes qui étaient dans le contrat ? » Cette inquiétude renvoie à un coût social majeur, déstabilisant les professionnels de santé et altérant leur confiance envers leurs employeurs.
Des pratiques récurrentes dénoncées
Mathias Wargon, urgentiste à l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, affirme que de telles pratiques ne sont pas limitées à ce seul hôpital, soulignant que de nombreux établissements en France ont agi de la même manière. Il dénonce l’impréparation de l’État français et évoque une forme d’« escroquerie », car ces médecins, tout en étant traités comme des stagiaires, occupent souvent des postes de responsabilité.
Une précarité exacerbée
La situation a suscité l’inquiétude de plusieurs parlementaires de Seine-et-Marne, qui ont alerté le ministre censé superviser la santé et l’accès aux soins. Ils soulignent que les montants réclamés dépassent parfois les rémunérations annuelles des médecins, entraînant une précarisation extrême de ces professionnels déjà éprouvés par des conditions de travail difficiles. Dans leur courrier, ils estiment que la démarche du Ghef est « hautement contestable » sur le plan juridique et demandent l’arrêt de ces demandes de remboursement injustes.
Une réaction de l’hôpital
De son côté, le Ghef rejette la responsabilité sur son ancien directeur, affirmant que la bonne foi des médecins n’est pas en cause. Selon des informations communiquées aux praticiens concernés, il pourrait être demandé à l’ancien responsable de rembourser personnellement les sommes en question. Cependant, l’hôpital insiste sur la nécessité de « régulariser la situation », se référant à une disposition du Code général de la fonction publique.
Un avenir incertain pour les médecins
Pour beaucoup de médecins concernés, le mal est fait. Ahmed, comme d’autres, ne prévoit pas de rester au sein de cet hôpital une fois son contrat terminé. La situation actuelle pourrait ainsi entraîner un exode significatif de personnel médical, aggravant encore la pénurie de médecins en France.