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Il était un peu plus de 7h du matin ce samedi 21 juin, lorsque le coup de feu a retenti. Sous la halle du Marché d’intérêt national, dans le 14e arrondissement de Marseille, au carreau des producteurs de fruits et légumes, un homme s’effondre entre les piliers colorés qui signalent la provenance des vergers, à quelques pas du camion qu’il chargeait avant de rentrer chez lui.
Barrière défoncée pour prendre la fuite
Au même moment, deux individus cagoulés qui avaient pénétré sur le site quelques instants plus tôt prennent précipitamment la fuite à bord d’un véhicule, défonçant l’une des barrières de l’entrée du MIN, avant de partir en trombes en direction de l’autoroute.
Les efforts des marins-pompiers pour réanimer la victime n’y feront rien. Mortellement atteinte d’une balle dans la tête, elle a été déclarée décédée peu après.
Au milieu des autres producteurs de fruits et légumes, en état de choc après avoir passé la nuit à écouler leur stock auprès des acheteurs de la région, les véhicules des forces de l’ordre ont très vite investi le marché de gros des Arnavaux, avant de ceindre la scène de crime de rubalises estampillées « police nationale ».
La victime allait être père d’un 3e enfant en août prochain
Équipés de combinaisons blanches et de couvre-chaussures, les agents de police technique et scientifique ont passé toute la matinée à ratisser la zone, à la recherche des moindres traces et indices. Dans le même temps, leurs collègues de la police judiciaire se sont employés à recueillir les témoignages des collègues et des proches de la victime dans un climat tendu, empreint du chagrin et de la colère de la quinzaine de professionnels encore sur place qui connaissaient tous la victime, dont le corps n’a été transporté qu’en fin de matinée à l’institut médico-légal.
Les premiers éléments de l’enquête, confiée par le parquet de Marseille à la division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS), semblent indiquer que les assaillants en voulaient à la recette du salarié d’une coopérative fruitière, qu’ils imaginaient probablement bien garnie à l’issue d’une nuit de transactions avec les acheteurs.
Les voleurs seraient revenus récupérer le sac
Braqué avec une arme de poing alors que le marché venait de se clôturer et qu’il chargeait son camion, Ridaa, 41 ans, figure familière du MIN sur lequel il travaillait depuis de nombreuses années, père de deux enfants et d’un troisième à naître en août, aurait été sommé de remettre son sac aux voleurs, avant d’être abattu par l’un d’entre eux.
Les images de vidéosurveillance confiées aux enquêteurs par la direction du MIN montrent qu’après la détonation fatale et l’abandon initial du précieux sac contenant une somme d’argent qui pourrait atteindre plusieurs milliers d’euros, le suspect serait revenu en courant récupérer le butin, avant de quitter le MIN pour de bon. Les deux hommes sont activement recherchés depuis.
« C’était une pâte »
Au milieu des cagettes vides et devant les policiers s’affairant sur la scène de crime, un proche de Ridaa accuse le coup sur une chaise pliante. Sidéré, le regard figé sur quelques courgettes et un melon dont la chair éclatée jonche le sol du carreau du MIN, il est sous le choc. « Sa femme doit accoucher en août », articule péniblement son cousin abasourdi.
Un peu plus loin, une quinzaine de collègues et membres de la famille de la victime se regroupent, tant pour veiller sur le corps de Ridaa avant son transport à l’institut médico-légal que pour partager leur colère. Tous décrivent un « homme tranquille, père de famille sans histoires, travailleur ». Un autre le dépeint comme « discret » et ajoute : « C’était une pâte. »
Réactions et préoccupations sur la sécurité
Quatre heures après le drame, le maire (DVG) de Marseille, Benoît Payan, condamne le meurtre de Ridaa : « L’assassinat ignoble d’un producteur ce matin est inacceptable. Toutes mes pensées vont à sa famille et ses proches. Je condamne avec la plus grande fermeté cet acte de lâcheté, et la Ville de Marseille se tient aux côtés de l’ensemble des employés et agriculteurs du Marché des Arnavaux dans cette épreuve terrible. Tout doit être mis en œuvre pour arrêter les auteurs de ce crime odieux. »
Cependant, cela ne suffit pas pour les collègues de Ridaa, qui pointent du doigt un MIN « ouvert aux quatre vents » où l’accès est trop facile, malgré le paiement d’une redevance pour la sécurité. Ces professionnels comparent la situation avec d’autres marchés en France, arguant que des mesures de sécurité plus strictes sont nécessaires.