Dans le Gard, un peu plus de 300 agriculteurs se sont mobilisés mardi 16 décembre 2025, dans une ambiance d’exaspération palpable. Dès l’aube, les tracteurs se sont immobilisés au rond-point du Kilomètre Delta et le long de l’accès à l’autoroute A9 autour du péage de Gallargues-le-Montueux. Le dispositif a été renforcé par des dépôts de déchets végétaux, de palettes et de pneus fumants qui formaient un barrage sur la chaussée. Des manifestants venus de tout le département ont affirmé leur détermination à se faire entendre face à ce qu’ils perçoivent comme un mépris des pouvoirs publics.

Le chef de file des Jeunes agriculteurs du Gard, Romain Angelras, a expliqué que l’action visait à attirer l’attention sans chercher à bloquer durablement les routes. Il a ajouté que l’opération devait rester un moyen d’alerte et non une fin en soi.
À Marguerittes, l’entrée du péage de Nîmes-Est était elle aussi occupée. Christophe Piquet, agriculteur installé à Bezouce, était présent depuis le début de la matinée pour porter des revendications qui s’enchaînaient. Les discussions portaient sur la dermatose nodulaire contagieuse, la vaccination du cheptel Camargue, le soutien aux viticulteurs, l’interdiction des produits phytosanitaires – que certains désignent comme des traitements pour les plantes –, le cours du blé et les échanges commerciaux avec le Mercosur.
Les manifestants ont aussi dénoncé le sentiment de ne pas être écoutés. Ce qui est désespérant, c’est qu’on a beau le dire et le redire, on a l’impression que nous ne sommes pas écoutés, a déploré celui qui s’exprime au nom des participants et qui avait été en première ligne lors d’un mouvement similaire il y a deux ans.
Plus à l’ouest, le péage de Gallargues a été bloqué par les soutiens. Isabé Teyssier, éleveuse de taureaux de Camargue installée à Aubais, est arrivée avec d’autres agriculteurs. Elle a exprimé une frustration partagée: les jeunes sont en colère, les anciens aussi, et l’agriculture française est en train de mourir. Si elle venait à disparaître demain, on ne trouverait plus de produits agricoles français sur les marchés. Elle demande notamment la vaccination de son élevage contre la dermatose nodulaire contagieuse et un revenu suffisant pour maintenir l’exploitation malgré la guerre des prix entre producteurs, négociants et distributeurs.
Autre sujet clé: le Mercosur et les accords commerciaux. Nicolas Boudon, maraîcher à Calvisson, souligne que l’Europe interdit certains produits phytosanitaires dans son territoire mais autorise leur utilisation ailleurs, ce qui crée une asymétrie et des risques pour la sécurité alimentaire des consommateurs. Il appelle à une harmonisation des règles au niveau européen et à une régulation plus stricte des importations en provenance de pays hors Union lorsque les normes diffèrent. Le Mercosur est perçu comme un mécanisme qui pourrait mettre en danger les standards français et européens.
Au final, les manifestants réclament que les règles européennes s’appliquent de manière équivalente à tous les agriculteurs et que des solutions concrètes soient apportées pour soutenir l’agriculture française face à la pression des marchés mondiaux. Le mouvement vise à mieux faire entendre les filières et à préserver les revenus des exploitants dans un contexte de prix instables et de concurrence accrue.