Les connaissances des jeunes adultes français concernant les maladies sexuellement transmissibles (MST) continuent de se détériorer, selon une étude récente et plusieurs enquêtes associées. En 2024, seulement 61 % des 18-35 ans savent qu’une MST peut être transmise sans présenter de symptômes, contre 72 % en 2016. La méconnaissance de la transmissibilité par voie anale (61 % en 2024 contre 72 % en 2016) et la transmission au fœtus (49 % en 2024 contre 67 % en 2016) illustrent un déficit d’information préoccupant.
Ce recul dans la sensibilisation est également observable dans les pratiques de prévention et de dépistage. Le nombre de jeunes qui se font dépister avant d’arrêter le port du préservatif a diminué de 8 %, passant de 73 % en 2016 à 65 % en 2024. Le taux de dépistage post-rapport à risque a également chuté, passant de 66 % à 53 % en l’espace de huit ans. Par ailleurs, seulement 73 % des répondants considèrent que le préservatif reste la meilleure protection contre les MST, une baisse de 11 points par rapport à 2016.
Une utilisation du préservatif encore trop marginale
Les données recueillies par Sexualité Info Santé (SIS) confirment ce constat avec un usage du préservatif en situation à risque très faible : 79 % des jeunes qui contactaient la ligne d’écoute n’avaient pas utilisé de préservatif lors de leur rapport concerné, avec une prévalence plus élevée chez les femmes (83 %) que chez les hommes (77 %). Chez les jeunes femmes de 18-24 ans, seules 8 % mentionnent l’usage du préservatif féminin, un chiffre très faible, révélant une dépendance à la volonté du partenaire ou un manque d’information sur ce dispositif.
La progression inquiétante de la chlamydiose, qui représente 32 % des signalements de MST, concerne surtout les femmes où la prévalence atteint 45 %, contre 24 % chez les hommes. Selon Sexualité Info Santé, ces femmes rapportent souvent des symptômes mal compris ou des récidives après traitement. La sensibilisation à cette maladie chronique doit donc être renforcée, tout comme la connaissance des nouveaux tests de dépistage.
Pour améliorer la prévention, l’Assurance Maladie a lancé un kit de dépistage gratuit et livré à domicile pour les 18-25 ans, permettant d’autocontrôler des infections telles que la chlamydiose ou la gonorrhée. Depuis septembre 2024, il est aussi possible de faire dépister gratuitement quatre infections autres que le VIH, sans ordonnance ni rendez-vous, dans les laboratoires. Toutefois, ces initiatives restent peu connues de la majorité des jeunes adultes.
Le syndicat des dermatologues-vénérologues et Sexualité Info Santé appellent donc à renforcer l’éducation sexuelle et la sensibilisation sur les MST. « La progression de la chlamydiose, la méconnaissance du dépistage, l’absence de protection lors des rapports… autant de signaux d’alerte » souligne la Dre Arame Mbodje, devant l’urgence d’adopter une approche pédagogique, bienveillante et dénuée de tabous pour lutter contre ces fléaux.