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La décision de la branche armée de Gaza d’accepter une transaction partielle d’échange de prisonniers place le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou devant l’une des décisions politiques les plus délicates depuis le début de la guerre à Gaza. Selon le quotidien Maariv, ce choix expose Netanyahou à deux voies risquées : accepter la transaction et risquer l’effondrement de sa coalition de droite, ou la refuser et prolonger la campagne militaire au risque de perdre le soutien américain.
La journaliste politique Anna Brascky souligne le caractère hésitant qui marque souvent les positions de Netanyahou, et met en lumière le rôle croissant du ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer, qui mène le camp du refus. Dermer met en garde contre une opération qui permettrait à Hamas de se réorganiser, alors que Washington pourrait se lasser d’un conflit long sans perspective claire.
Contexte et enjeux immédiats
Selon l’analyse publiée, l’accord partiel proposé par Hamas intervient après la pression exercée par le plan israélien d’assaut sur la ville de Gaza (opération « Gideon 2 »). C’est la première fois depuis la reprise des hostilités que le mouvement manifeste une ouverture — même limitée — à une transaction.
Cette acceptation a immédiatement ravivé le débat intérieur en Israël sur la réponse à adopter, mettant en lumière des divergences au sein du gouvernement et entre les conseillers proches de Netanyahou.
La chronique note aussi que, contrairement à certaines représentations, Hamas avait répondu favorablement à plusieurs reprises aux propositions du médiateur américain Stephen Witkoff, tandis que l’exécutif de Netanyahou a souvent rejeté ces versions, y compris la plus récente.
Tentative d’imposer les conditions de Netanyahou aux États-Unis
Au cœur de l’affrontement stratégique, Ron Dermer plaide pour faire endosser par Washington une vision israélienne maximale de la « fin de la guerre ». Selon lui, les États-Unis doivent adopter les cinq principes présentés par Netanyahou comme cadre définitif de la campagne.
- Désarmement de Hamas.
- Retour de tous les prisonniers.
- Désarmement total de Gaza.
- Imposition d’un contrôle sécuritaire israélien sur la bande.
- Mise en place d’une administration civile alternative, indépendante de Hamas et de l’Autorité palestinienne.
Dermer estime que l’adhésion américaine à ces principes offrirait à Israël un double gain : si Hamas accepte, ce serait une victoire totale ; si Hamas refuse, Israël bénéficierait d’une légitimité américaine pour prolonger les opérations.
Mais la possibilité d’une transaction partielle complique ce raisonnement, car l’existence d’une ouverture réelle pourrait convaincre l’administration américaine qu’il est illogique d’attendre une solution globale incertaine.
Argumentaire en faveur d’une action immédiate
Face à Dermer, le conseiller à la sécurité nationale Tzachi Hanegbi et d’autres préconisent de rompre avec l’approche traditionnelle et d’accepter de « sauver ce qui peut l’être » maintenant. Leur logique repose sur l’urgence humanitaire et politique : attendre une « transaction globale » risquerait de faire manquer une opportunité immédiate de libération de certains otages.
Ils soulignent également que la patience internationale et domestique est limitée, rendant le délai d’une solution globale de moins en moins supportable.
Risques militaires et temporels
Les partisans de la ligne dure mettent en garde contre le fait qu’une transaction partielle pourrait offrir à Hamas un répit de deux à trois mois pour se renforcer et réajuster ses capacités, voire pour chercher à imposer une « fin alternative » à la guerre avec le concours éventuel de pressions américaines.
Netanyahou connaît bien cet argument. Néanmoins, son instinct hésitant le rapproche parfois de la position prônée par Hanegbi : des arrangements partiels successifs, des cessez-le-feu temporaires et la poursuite des opérations selon les besoins.
La nouveauté de la situation tient au fait que tant l’Europe que les États-Unis montrent des signes d’impatience face à une guerre prolongée, tandis que la pression intérieure — notamment des familles d’otages — atteint des niveaux sans précédent.
Considérations politiques internes
Sur le plan politique domestique, l’acceptation par Netanyahou d’une transaction partielle risquerait de provoquer la chute de sa coalition. Les ministres d’extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir menacent de quitter le gouvernement, privant Netanyahou de sa majorité parlementaire.
En sens inverse, le chef du parti « Camp sioniste » et ancien ministre de la Défense Benny Gantz a laissé entendre qu’il pourrait revenir au gouvernement dans le cadre d’une « gouvernance pour la libération des otages », se déclarant prêt à rejoindre un nouvel axe pour des raisons de responsabilité nationale.
Si Netanyahou décidait d’accepter la transaction, il pourrait donc tenter de composer une coalition alternative en s’appuyant sur Gantz et sur le chef de l’opposition Yair Lapid, afin d’assurer une stabilité jusqu’à des élections éventuellement avancées.
Le dilemme historique de Netanyahou
Anna Brascky rappelle que Netanyahou a souvent eu recours à la technique d’ajournement des décisions difficiles. Cette fois, toutefois, le temps se raréfie : les pressions américaines et européennes augmentent tandis que les familles des captifs exigent des résultats immédiats.
Le dilemme qu’il doit trancher est simple en apparence mais lourd de conséquences : accepter une transaction partielle maintenant au prix d’un coût politique direct, ou parier jusqu’au bout sur la couverture américaine et sur la poursuite d’une campagne plus large.
Jusqu’à ce qu’il tranche, Netanyahou reste « suspendu entre deux mondes », et son héritage historique dépendra autant de ses actions que de ce qu’il n’aura pas osé entreprendre.
Références et liens complémentaires
Personnalités et éléments cités :
- Benjamin Netanyahou
- Hamas
- Ron Dermer
- Donald Trump
- Stephen Witkoff
- Bezalel Smotrich
- Itamar Ben-Gvir
- Benny Gantz
- Yair Lapid
Mot-clé principal : transaction partielle Hamas Israël.