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Ni chaînes ni maîtres : un film poignant sur l’esclavage
Un récit prenant de la résistance
**_Ni chaînes ni maîtres_**, réalisé par Simon Moutaïrou, est un film français d’une durée de 1 h 37 qui plonge le spectateur dans le monde de l’esclavage à l’île Maurice, plus précisément dans les années 1759. Au cœur de l’histoire se trouve Cicéron, un esclave qui, bien que soumis au pouvoir de son propriétaire Eugène Larcenet, bénéficie d’une éducation particulière grâce à son fils Honoré. Parlant français, sachant lire et écrire, Cicéron joue un rôle crucial en traduisant les ordres du maître aux autres esclaves, souvent dans une langue qui leur est familière, le wolof.
Cicéron, conscient des atrocités du système qu’il subit, transmet discrètement ses connaissances à sa fille Colette. Dans un mouvement tragique, Colette refuse de porter le nom imposé par les Larcenet, lui rappelant son véritable prénom, Mati. Lorsque la jeune fille prend la décision de s’enfuir, Massamba, son père, se lance à sa recherche pour la protéger des dangers qui la guettent, notamment Madame La Victoire, une traqueuse d’esclaves.
Un mélange de réalisme et de magie
Simon Moutaïrou, scénariste reconnu pour ses œuvres telles que Boîte noire et Goliath, aborde ici le thème de l’esclavage à travers le prisme du marronnage, la lutte pour la liberté. En situant son film à l’île Maurice, il rend hommage à la mémoire des millions de personnes déportées, ayant été inspiré par la présence de la Porte du non-retour à Ouidah, au Bénin.
Le récit, centré sur Massamba, met en lumière sa quête désespérée pour retrouver sa fille, lui permettant de redécouvrir sa liberté et son identité. Le réalisateur utilise des scènes oniriques pour enrichir le film d’un souffle épique et d’un réalisme magique. La brutalité des plantations et des conditions d’esclavage est mise en avant sans aucune complaisance.
Un cadre somptueux et des performances remarquables
Les décors, tels que la maison Euréka appartenant à la famille Le Clézio, ainsi que les paysages verdoyants de l’île Maurice et le monticule morne Brabant, où se cachaient les marrons, créent une toile de fond visuellement captivante. Le film, tout en étant chargé d’émotions, s’ancre solidement dans la réalité historique de l’époque.
Les interprétations de Benoît Magimel dans le rôle d’Eugène Larcenet, de Camille Cottin jouant Madame La Victoire, ainsi que celles de Félix Lefebvre et Vassili Schneider, apportent une richesse à la narration en illustrant la complexité des relations entre esclaves et maîtres. Cependant, ce sont les performances puissantes d’Ibrahima Mbaye (Massamba) et d’Anna Diakhere Thiandoum (Mati) qui confèrent au film son essence émotive.
Une œuvre essentielle sur l’esclavage
Ni chaînes ni maîtres est plus qu’un simple film ; c’est un témoignage sur la résistance face à l’oppression et un hommage puissant à ceux qui ont souffert. La manière dont Simon Moutaïrou aborde ces thèmes fait de son premier long métrage une œuvre incontournable dans le paysage du cinéma français contemporain, célébrant le courage et la quête de liberté des esclaves à l’île Maurice.