La rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la liberté d’opinion et d’expression, Irene Khan, a alerté sur plusieurs tendances majeures qui menacent ce droit fondamental, notamment les réseaux sociaux envahis par la désinformation et les discours de haine.
Lors de la 59e session du Conseil des droits de l’homme à Genève, en Suisse, elle a présenté un rapport détaillant les principales vulnérabilités qui entravent la liberté d’expression dans le contexte des élections à l’ère numérique.
Selon le rapport, le climat politique actuel est marqué par :
- Des tendances autoritaires croissantes,
- Un recul des droits de l’homme,
- Un affaiblissement de la démocratie,
- Une presse traditionnelle fragilisée et attaquée, incapable de démêler le vrai du faux.
Ce contexte représente une menace considérable pour la liberté d’expression.
Irene Khan a insisté sur le fait que la liberté d’opinion et d’expression constitue l’un des piliers des sociétés démocratiques, indispensable pour garantir la tenue d’élections libres et équitables.
Elle a mis en garde contre les risques encourus lorsque cette liberté est réprimée :
- Les processus électoraux deviennent vulnérables,
- La confiance du public dans les élections est sapée,
- L’intégrité des scrutins et la qualité des informations sont étroitement liées.
Le rapport souligne que pour assurer des élections libres, justes et sûres, il est essentiel d’avoir un environnement informationnel sain et ouvert où les électeurs ont un accès aisé à des informations fiables, précises et indépendantes.
Irene Khan attire également l’attention sur l’utilisation croissante, par des politiques populistes et des régimes autoritaires, de la manipulation de l’information comme outil de contrôle.
- Les technologies numériques et les plateformes sociales amplifient ces pratiques,
- Le public est submergé par la désinformation, les fausses nouvelles et les discours de haine.
Elle explique qu’elle a rédigé ce rapport en raison de sa profonde inquiétude face à une « tempête parfaite » qui menace simultanément le droit de vote et la liberté d’expression.
Le rapport s’appuie sur de vastes consultations menées tout au long de l’année écoulée avec diverses parties prenantes :
- Organisations de la société civile,
- Institutions électorales,
- Défenseurs des droits humains,
- Journalistes,
- Représentants des entreprises de médias sociaux.
Le document met aussi en garde contre l’utilisation de la désinformation pour restreindre la participation des candidats d’opposition.
Il dénonce la montée du discours politique déshumanisant et marginalisant des individus en raison de leur origine ethnique, religion, langue ou genre, y compris dans les démocraties libérales.
Enfin, Irene Khan avertit qu’une absence de réaction rapide face à ces défis entraînera des dommages graves tant pour le droit à la liberté d’expression que pour le droit de vote.