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À Paris, une transformation notable s’opère dans la lutte contre la consommation de crack, marquée par l’évacuation d’un campement qui avait abrité des centaines de consommateurs. Les tentes et les détritus, autrefois omniprésents, ont disparu, laissant place à un espace vert préservé à la porte de la Villette. Ce changement fait suite à l’évacuation effectuée le 5 octobre 2022, qui a vu la dispersion des 400 consommateurs de crack vers d’autres zones de la ville.
Une situation en mutation
Depuis cette évacuation, les consommateurs se sont réinstallés dans divers quartiers, notamment autour de Stalingrad, le long du canal, et entre les portes de la Chapelle et d’Aubervilliers. Dans le XVIIIe arrondissement, des groupes sporadiques subsistent autour du jardin d’Eole, mais ces rassemblements ne font plus l’objet de la même visibilité qu’auparavant.
Les autorités, réunies en conférence de presse à Saint-Denis, ont salué un bilan positif un an après le lancement de l’étape 2 du plan crack. Cette initiative avait pour but d’éradiquer la consommation de crack dans la capitale, un défi jugé complexe par l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Démantèlement des cuisines de crack
En 2024, 23 cuisines de crack ont été démantelées, et plus de 1 141 trafiquants ont été interpellés. Le préfet de police, Laurent Nunez, a déclaré que des actions supplémentaires seraient mises en place pour intensifier les efforts en cours depuis plus de cinq ans.
Abdou Ndiaye, directeur de l’association Oppelia Charonne, souligne les conséquences du volet répressif de cette stratégie. Les consommateurs sont contraints de changer régulièrement de lieux, ce qui complique le travail des professionnels de la santé et de la prévention.
Vulnérabilité des consommateurs
Les associations de prévention continuent d’opérer des maraudes, et un espace de repos a été ouvert avenue du président Wilson. Ce lieu, qui accueille en moyenne 200 consommateurs par jour, a vu son offre de services significativement renforcée. Cependant, malgré les efforts, le manque d’espaces d’accueil demeure problématique.
Une annonce récente de l’ARS Île-de-France concerne l’ouverture d’un nouveau centre thérapeutique résidentiel, spécifiquement pour les usagers de crack. Néanmoins, aucune date n’a été fixée pour cette ouverture, et les structures d’hébergement restent insuffisantes à Paris.
Une prise en charge spécifique nécessaire
Actuellement, la France ne dispose que de deux salles de consommation à moindres risques, toutes deux réservées aux consommateurs injecteurs. Abdou Ndiaye insiste sur la nécessité de créer des salles d’inhalation pour les fumeurs de crack afin de les protéger de la vulnérabilité engendrée par la clandestinité.
Le dernier rapport de l’Observatoire français des drogues révèle qu’il y a environ 12 000 usagers de crack en Île-de-France, avec une augmentation alarmante de la consommation de cocaïne fumée. Face à cette situation, les urgences pour usage de crack ont explosé, multipliées par dix en dix ans, selon le docteur Julien Azuar.