Home ActualitéPédophilie à Saint-Michel : Le silence qui tue dans une famille

Pédophilie à Saint-Michel : Le silence qui tue dans une famille

by Sara
France

« Je ne suis pas persuadé que dans cette famille, on connaisse la définition du mot viol. Là-bas, avoir des relations sexuelles avec des enfants ne pose de problème à personne… » Cette phrase choc résume l’ampleur du silence et du déni qui ont entouré pendant des décennies des actes de pédophilie au sein d’une famille installée à Saint-Michel.

Une réunion de famille lourde de révélations

Pour saisir l’ampleur de cette tragédie, il faut retracer l’arbre généalogique de cette famille bien ancrée dans un quartier pavillonnaire de Saint-Michel. Mjid Attouch, marié en 2008 à Nadia, la sœur de Cyrille H., avait l’habitude de participer aux événements familiaux : Noëls, anniversaires, voyages. « Tout se fait en famille, les week-ends, les voyages. On avait l’impression d’être dans une série TV. Tout le monde est généreux avec tout le monde. Cela ressemble à une famille à l’américaine, une bonne famille, tout le monde a une situation financière stable… » confie-t-il. La grand-mère, Monique, travaillait à la Société Générale et possédait un petit patrimoine.

Pourtant, Nadia cachait de profondes fragilités. « Elle pouvait être aimante, joyeuse, la main sur le cœur, mais elle ressentait un mal-être profond. » Après une nouvelle fausse couche, elle finit par se confier à son mari. Elle lui raconte les abus subis de la part de Cyrille et de leur père, Jean-Jacques, décédé en 1998. « Elle ne se définit pas comme une esclave sexuelle mais plutôt comme l’objet de la formation sexuelle de Cyrille », détaille Mjid Attouch.

Face à ces révélations, Mjid décide d’organiser une réunion familiale réunissant Nadia, sa mère Monique et son frère Cyrille. C’est lors de cette rencontre que Cyrille avoue avoir abusé de sa sœur, allant même jusqu’à proposer de se dénoncer. Nadia refuse. La grand-mère, Monique, bouleversée, étreint ses enfants avant de lâcher cette phrase glaçante : « Je me doutais qu’il y avait un problème, on va se faire un bon barbecue pour oublier tout ça ! »

Le poids du silence et ses conséquences dramatiques

Après cette réunion, Nadia se retrouve perdue, plus préoccupée par Cyrille que par elle-même, se répétant : « le pauvre ». Elle ne porte jamais plainte. Ce n’est que plusieurs années plus tard, à 37 ans, qu’elle décide d’écrire une lettre de sept pages à ses oncles, tantes, cousins et cousines dans laquelle elle révèle qu’elle a été violée.

Les réponses qu’elle reçoit sont déconcertantes : « dans toutes les familles, il y a des problèmes, il faut que tu parles avec ta maman », raconte Mjid Attouch, qui a conservé ces courriers. « Il n’y a pas un brin d’humanité dans ces réponses. En gros, c’est ‘’passez votre chemin, il n’y a rien à voir’’. Cela a tué Nadia à petit feu », ajoute-t-il. Veuf aujourd’hui, Mjid relate qu’en mars 2017, un mois après l’envoi de ces lettres, Nadia a mis fin à ses jours.

Un syndrome de Stockholm familial et la malveillance cachée

Petite, Nadia invitait parfois ses amies chez elle, dont Nelty Couty, qui a révélé avoir été violée « 480 fois » par Cyrille et leur père Jean-Jacques. Monique, la grand-mère, est aujourd’hui poursuivie pour non-dénonciation de crime et continue de garder régulièrement son arrière-petit-fils, le fils de Nadia mais pas de Mjid Attouch. « C’est la cheffe de tribu, elle sait se rendre indispensable », explique ce dernier.

Pourquoi un silence aussi lourd pendant des décennies ? « Ce ne sont pas des tortionnaires violents, on est dans la manipulation mentale. Quand on prend du recul, c’est quasiment un comportement sectaire, une petite secte où l’on essaie de s’acheter la sympathie des petits enfants », analyse Mjid Attouch. La relation entre Cyrille, Nadia et leur père était empreinte d’un véritable culte de la personnalité, un amour mêlé à un syndrome de Stockholm.

Une procédure judiciaire en cours

Actuellement, Cyrille est poursuivi pour avoir abusé de ses quatre enfants ainsi que d’autres mineurs issus de son cercle familial et amical, sur une période s’étendant de 1981 à 2021. Mjid Attouch espère que cette procédure permettra aux victimes de trouver apaisement et reconnaissance, qu’elles puissent enfin être entendues et écoutées.

source:https://www.charentelibre.fr/charente/pedophilie-a-saint-michel-plongee-dans-une-famille-ou-l-on-viole-en-silence-24282621.php

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