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Une mobilisation inédite secoue actuellement le paysage politique et environnemental français autour de la loi Duplomb, adoptée récemment par le Parlement. Ce texte, qui prévoit notamment la réintroduction sous conditions de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, suscite une opposition croissante, alimentée par une pétition record sur le site de l’Assemblée nationale.
Une pétition qui dépasse tous les records
Depuis son lancement par l’étudiante Eléonore Pattery le 10 juillet, seulement deux jours après l’adoption de la loi, la pétition a connu une explosion de popularité. Elle a franchi le cap historique de 500 000 signatures le 19 juillet, avec près de 400 000 signatures récoltées en seulement deux jours grâce à une forte campagne relayée sur les réseaux sociaux. Avec ce soutien massif, la discussion d’un éventuel débat en séance publique à l’Assemblée nationale devient envisageable, bien que la loi elle-même reste inchangée, puisque seule la pétition sera débattue et non le texte de fond.
Les enjeux et les contours du débat
La loi Duplomb, adoptée le 8 juillet, autorise la réintroduction dérogatoire de l’acétamipride, un pesticide interdit en France mais toujours autorisé dans d’autres pays européens jusqu’en 2033. Les opposants dénoncent une atteinte aux enjeux de santé publique, à la biodiversité et à la cohérence des politiques environnementales. La militante et future professionnelle de la santé environnementale, Eléonore Pattery, déclare que cette loi représente « une attaque frontale contre la santé, la biodiversité, et le bon sens ». Elle réclame l’abrogation immédiate, la révision démocratique du processus d’adoption, ainsi qu’une consultation citoyenne élargie sur ces sujets.
Par ailleurs, le recours potentiel à un débat public à l’Assemblée dans le cadre de cette pétition soulève des questions quant à la capacité du Parlement à répondre à cette mobilisation sans pour autant remettre en cause le texte adopté. Déjà, des personnalités de gauche ont saisi le Conseil constitutionnel, estimant que la loi viole le droit à la santé et la protection de l’environnement.
Un contexte de tension entre agriculture et environnement
Ce débat intervient dans un contexte tendu entre le monde agricole, qui défend l’usage contrôlé du pesticide, et les défenseurs de l’environnement, fortement mobilisés par cette pétition. La FTSEA et d’autres syndicats agricoles se montrent inquiets, estimant que la loi résout en réalité leurs problématiques et qu’il serait inacceptable de revenir en arrière. Cependant, l’opposition à la loi s’est organisée rapidement, incarnée par la mobilisation citoyenne, qui reflète une inquiétude croissante quant à l’impact de certains pesticides sur la santé et l’écosystème.
Une procédure inédite avec des implications politiques
Selon le règlement de l’Assemblée nationale, si la pétition atteint 500 000 signatures provenant d’au moins 30 départements, une audience publique pourrait être organisée. Toutefois, cette étape ne implique pas de réexamen du fond de la loi, mais constitue une reconnaissance symbolique du malaise ambiant. La crainte principale réside dans un débat public qui pourrait remettre partiellement en question la légitimité de la procédure parlementaire actuelle.
La déclaration du sénateur Laurent Duplomb, à l’origine de la proposition, reste ferme quant au fait que le Parlement a déjà tranché, arguant que la réintroduction du pesticide concerne une surface limitée de 1,7 % de la surface agricole utilisée, avec un discours justifiant la mesure par le besoin de soutenir certains secteurs agricoles face aux ravageurs. Cependant, cette mobilisation citoyenne montre la fracture profonde entre une partie de la population et certains choix politiques liés à l’environnement et à la santé.