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Petzi, l’ourson emblématique de la bande dessinée, célèbre bientôt ses 75 ans en reprenant vie sous la plume de nouveaux auteurs. Le dernier album, intitulé «Petzi en Suisse», vient tout juste de paraître et sera mis en avant lors du festival BDFIL de Lausanne. Cette nouvelle aventure transporte Petzi et sa bande dans un voyage au cœur de la Suisse romande, mêlant humour absurde et clins d’œil à la culture locale.
Quoi de plus suisse que des meules de fromage en guise de roues et de volant ? Ce détail à la fois drôle et typique illustre parfaitement l’esprit de cette série.
Une aventure suisse née d’une horloge déréglée
Dans cette nouvelle histoire, une horloge déréglée pousse Petzi et ses compagnons à manger à des heures inhabituelles, ce qui les entraîne dans une aventure loufoque et pleine de surprises. L’Amiral, le phoque lymphatique, Riki le pélican, Pingo le pingouin et Caroline la tortue partent alors pour la Suisse afin de régler cette pendule capricieuse.
Le dessinateur Thierry Capezzone, qui connaît bien la Suisse romande pour y avoir souvent voyagé, confie : « J’ai sillonné le pays à moto puis en voiture, jusqu’en Suisse alémanique, et rêvais depuis longtemps d’en faire le décor d’une BD. »
Thierry Capezzone, à la relance de Petzi
À 62 ans, Thierry Capezzone possède un parcours riche dans la BD, ayant travaillé notamment sur «L’agent 212» et «Les Pieds Nickelés». Installé au Danemark, il a été sollicité par les ayants droit de Petzi pour réaliser des illustrations, ce qui a ravivé son envie de relancer la série en album. Le dernier album, prévu pour le 14 mai, sera présenté lors du festival BDFIL de Lausanne.
Pour mener à bien ce projet, il s’est associé à Jean-Christophe Caurette, éditeur à Strasbourg, qui partage cette passion. Ensemble, ils développent deux collections : des nouvelles aventures à dos bleu et une réédition des classiques à dos rouge.
Petzi, un classique de la bande dessinée depuis 1951
Petzi, ou Rasmus Klump en version originale, a été créé en 1951 par le couple danois Carla et Vilhelm Hansen. Ces petites histoires publiées quotidiennement dans les journaux ont connu un succès immédiat, donnant lieu à des albums traduits en plusieurs langues, dont le français par Casterman. Thierry Capezzone explique que les anciens albums sont parfois décousus, car tirés de strips journaliers, tandis que ses nouvelles créations sont conçues pour une cohérence narrative accrue.
Réédition soignée des classiques et choix éditoriaux
Les éditions Caurette ont déjà publié plusieurs grands classiques de Petzi, tels que «Petzi alpiniste», «Petzi et le détective» ou «Petzi fait la moisson». L’éditeur Jean-Christophe Caurette souligne l’attention portée à la qualité des couleurs, en refaisant toutes les plaques pour offrir des objets durables et authentiques, à l’image de véritables madeleines de Proust.
Un débat a également eu lieu autour du choix entre textes sous les vignettes et phylactères. Pour les rééditions, le format original est respecté, mais pour les nouvelles histoires, les dialogues apparaissent dans des bulles afin de moderniser le style tout en préservant le dessin.
L’univers absurde et intemporel de Petzi
Contrairement à d’autres séries jeunesse qui abordent parfois des thèmes actuels, Petzi évolue dans un monde absurde et dénué de références réalistes ou sociétales, comme l’explique Yvan Molinaro, scénariste de «Petzi en Suisse». Ce choix confère à la série un caractère intemporel, qui séduit autant les nostalgiques que les nouvelles générations.
L’exposition dédiée à Petzi au festival BDFIL à Lausanne est ouverte jusqu’au 18 mai, témoignant de l’engouement continu autour de ce personnage.
Un succès toujours vivant auprès des générations
Depuis 2017, les nouvelles aventures de Petzi ont d’abord attiré un public nostalgique, des quinquagénaires et sexagénaires se remémorant leurs lectures d’enfance. Les albums anciens atteignent parfois des prix élevés : par exemple, «Petzi et l’amateur de crêpes» se vend autour de 129 €, «Petzi sur l’île de Robinson» à 60 €, et «Petzi alpiniste» à 49 € sur des plateformes de vente en ligne.
Mais le lectorat s’est rajeuni, avec de jeunes adultes qui achètent désormais ces bandes dessinées pour leurs enfants. L’exposition de 2018 au château de Saint-Maurice avait déjà prouvé cet engouement en attirant plus de 22 000 visiteurs, un score remarquable dans le domaine de la BD jeunesse.
Thierry Capezzone explique cette popularité par l’absence de technologie ou de politique dans l’univers de Petzi, qui reste fidèle à l’imaginaire enfantin, inchangé depuis les années 1950.
« Petzi en Suisse » : un voyage au cœur des traditions romandes
Pour imaginer ce 7e tome des nouvelles aventures, Yvan Molinaro s’est inspiré de la bande dessinée locale, évitant les clichés comme les banques ou les edelweiss, mais intégrant des éléments culturels incontournables tels que la fondue, bien sûr sans bâton ni fouet !
Les péripéties de Petzi débutent par une collision avec le Jet d’eau de Genève, les obligeant à rejoindre Lausanne en pédalo. Le parcours les fait ensuite passer par les pyramides de Vidy, la Maison Cailler, Gruyères, et enfin le château d’Aigle.
Le scénariste a ajouté une touche locale en mettant en scène des lapins renards, une espèce helvétique, et en baptisant une vache « Tulipe », le deuxième prénom le plus courant pour les vaches en Suisse. Le parler romand est également mis à l’honneur avec des expressions typiques comme « épouairer », « faire la pièce droite », « batiller », « tout de bon » et « panosse ».
«Petzi en Suisse» est disponible aux éditions Caurette, compte 48 pages, et est sorti le 14 mai. Les auteurs seront présents au festival BDFIL à Lausanne les 16, 17 et 18 mai.