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Pierre Bénichou demeure une figure emblématique du journalisme et de l’humour en France. À travers un ouvrage riche en témoignages et archives inédites, le journaliste Benjamin Puech dresse le portrait d’un homme singulier, reconnu pour sa liberté d’esprit et son humour décapant.
Un portrait entre biographie et récit personnel
Le livre Pierre Bénichou, une figure de style ne se limite pas à une biographie classique. Benjamin Puech, jeune journaliste au Figaro, y mêle anecdotes et récits personnels pour révéler la complexité et la singularité de cette personnalité hors du commun. Frédéric Beigbeder soulignait d’ailleurs : « Je ne vois pas aujourd’hui de personnalités équivalentes, en liberté, en folie, en humour. »
La découverte d’un homme différent
Interrogé sur son intérêt pour Pierre Bénichou, Benjamin Puech confie avoir été frappé par la différence de cet homme lorsqu’il a dû écrire un article à l’occasion de son décès en mars 2020. Il décrit un « coup de foudre » pour cet esprit libre qui ne ressemblait à aucun autre présentateur médiatique. Sa curiosité s’est accentuée à la lecture de son unique livre, Les absents, levez le doigt !, publié en 2017, où le style, la liberté et la justesse de la plume de Bénichou ont conquis le journaliste.
Un journaliste passionné par l’art du récit
Ce qui a particulièrement attiré Benjamin Puech dans la pratique journalistique de Bénichou, c’est son talent pour raconter des histoires incarnées. Que ce soit dans Jour de France ou au Nouvel Observateur, il savait captiver le lecteur en saisissant l’air du temps avec un regard décalé. Connu pour être une « grande gueule », Pierre Bénichou était avant tout un érudit passionné de littérature et de journalisme, issu d’un milieu spirituel oranais, comme le rappelle Catherine Camus.
Une vie enrichie par une diversité de rencontres
Le livre rassemble une galerie impressionnante de témoignages de personnalités aussi diverses que Laurent Ruquier, François Hollande, Nicoletta ou Philippe Geluck. Cette pluralité de regards a permis de brosser un portrait nuancé de Bénichou, un homme complexe dont les souvenirs divergent parfois, mais qui se dévoile à travers ces indices et pistes.
Les premières traces journalistiques et une rencontre marquante
Après une période d’absence dans les archives à la fin des années 1950, c’est grâce à une interview de Brigitte Bardot en juin 1958 que Benjamin Puech a retrouvé sa trace. Cette interview vivante et percutante avec la star de l’époque illustre bien le style de Bénichou. Parmi ses écrits les plus touchants figurent des nécrologies dédiées à ses amis, comme celle de Robert Scipion dans Le Nouvel Observateur, témoignant de son talent d’écrivain sensible et exigeant.
Le déchirement algérien et l’héritage familial
Comme son ami Albert Camus, Pierre Bénichou a vécu douloureusement la fracture entre la France et l’Algérie. Né à Oran en 1938, il a quitté l’Algérie avant la guerre, oscillant entre sympathie et rejet du discours indépendantiste. Sa colère s’est notamment cristallisée autour du général De Gaulle, considéré comme un traître par beaucoup de Pieds-noirs. Héritier de la colère pacifiste de son père, Bénichou a même publié en 1960 une tribune dans Le Monde pour alerter sur l’avenir des Pieds-noirs sous le pouvoir indépendantiste.
La période des « Grosses Têtes » : un humour incarné
Pendant plusieurs décennies, Pierre Bénichou a cultivé un humour privé, réservé à ses amis et à ses soirées chez Castel. Son humour n’était pas un travail, mais une manière de vivre, alliant légèreté et profondeur. À la radio, notamment dans On va s’gêner sur Europe 1 puis dans Les Grosses Têtes sur RTL, il est devenu un personnage incontournable, capable de jongler entre humour noir, blagues absurdes et poésie, sans jamais éviter la provocation.
Laurent Ruquier a largement contribué à mettre en lumière ce talent, encourageant ses improvisations et faisant de Bénichou un pilier de l’émission, malgré son caractère ingérable : retards, somnolences en direct et piques envers les auditeurs. Ce tempérament tempétueux était intrinsèque à son génie. Pierre Bénichou ne suivait aucune règle, et ce refus de conformité est sans doute son plus beau titre de noblesse.