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Tensions autour d’une parodie controversée en Belgique
Le Conseil supérieur audiovisuel (CSA) belge a annoncé ce lundi l’ouverture d’une enquête concernant une séquence de l’émission « Le Grand Cactus », diffusée sur Tipik, la chaîne de la RTBF. Cette décision fait suite à un « grand nombre de plaintes » signalant le caractère « transphobe et stigmatisant » des paroles d’une chanson à l’encontre des personnes transgenres et non-binaires, comme l’a relayé l’agence Belga. Au cœur de cette controverse se trouve une parodie de « 3e Sexe », interprétée par Indochine et Rahim Redcar.
Le contenu de la parodie
Intitulée « Le 128e sexe », cette parodie reprend les thèmes explorés par le groupe Indochine dans leur chanson emblématique de 1985. La version actualisée, sortie en 2020 avec Rahim Redcar, a été choisie pour cette relecture humoristique. Les comédiens Damien Gillard et Cécile Giroud y incarnent respectivement Nicola Sirkis et Rahim Redcar.
Les paroles originales célèbrent l’androgynie et la fluidité des genres avec des lignes telles que : « Des garçons, filles l’allure stupéfiante… » Cependant, dans le pastiche, les identités de genre sont tournées en dérision en substituant des animaux ou objets à des identités humaines. Par exemple, on y entend : « Chaque seconde, moi, je réinvente, sur papier, mon identité. » Ainsi, le sketch s’éloigne de la célébration de la diversité pour aborder des sujets sensibles sous un angle moqueur.
Réactions à la polémique
La diffusion de cette parodie le 19 septembre dernier a provoqué une intensification des critiques sur les réseaux sociaux, faisant réagir non seulement le public mais aussi plusieurs artistes engagés. Parmi ceux-ci, des personnalités de l’émission « Drag Race Belgique » ont exprimé leur indignation. La Veuve, finaliste de la saison 2, a dénoncé « la transphobie ordinaire, maquillée en humour grossier », et appelé à un soutien véritable de la part de la RTBF.
Alvilda, également couronnée cette année, a quant à elle souligné que « banaliser un discours transphobe à une heure de grande écoute n’est pas la solution ». Même le comédien Mustii a exprimé son mécontentement en réagissant à la vidéo avec des émojis vomissants.
Réponse de la RTBF et conséquences de la polémique
Face aux critiques, le compte Instagram de la RTBF a précisé qu’il n’y avait « aucune volonté de nuire » envers les personnes transgenres et non-binaires. Ils ont exprimé leurs regrets si le contenu avait heurté certaines sensibilités. Cependant, la vidéo est restée en ligne sans aucune contextualisation, ce qui a exacerbé la colère des détracteurs.
Des figures de la scène LGBTQ+ ont appelé à des comptes pour ce qu’ils perçoivent comme une incohérence entre les valeurs affichées par la RTBF et ses contenus. Brittany Von Bottocks a exprimé son indignation face à un pays qui semble ignorer les droits et la sécurité des personnes marginalisées.
En réponse à ces événements, le CSA examinera désormais si le sketch porte atteinte aux lois sur la discrimination. Les associations comme la Fédération Prisme ont également saisi les autorités compétentes, demandant que les chaînes prennent leurs responsabilités pour éviter la diffusion de contenus pouvant alimenter le rejet et la stigmatisation de groupes marginalisés.
La situation reste préoccupante, alors que des organisations comme la Liège Pride annoncent la suspension de leur partenariat avec Tipik pour la Marche des fiertés 2025, soulignant que certains types d’humour peuvent avoir des conséquences graves sur les jeunes dans les établissements scolaires.