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Polémique et enjeux clés lors de la présidentielle en Pologne

by Sara
Polémique et enjeux clés lors de la présidentielle en Pologne
Pologne

Dimanche prochain, la Pologne choisira le successeur du président conservateur Andrzej Duda dans un contexte politique profondément divisé. Cette élection présidentielle soulève de nombreuses questions : le pays optera-t-il pour un renouveau ou s’accrochera-t-il à son passé? Le prochain chef d’État parviendra-t-il à sortir le pays de l’impasse politique actuelle ?

Des symboles nationaux au cœur de la campagne

Partout en Pologne, les partisans des candidats affichent fièrement les couleurs nationales blanc et rouge. Ces drapeaux incarnent la fierté des Polonais pour leur indépendance retrouvée en 1989, après près de deux siècles d’occupation et de divisions territoriales entre la Russie, la Prusse et l’Autriche-Hongrie, puis plus tard entre l’Allemagne et l’Union soviétique.

La préservation de cette indépendance, la sécurité de l’État et l’intégrité territoriale sont au cœur des responsabilités du président, un rôle essentiel dans la Pologne centralisée, où le chef d’État détient des pouvoirs étendus.

Les candidats des camps opposés en Pologne

Andrzej Duda et l’usage du pouvoir présidentiel

Au-delà de ce socle commun, la Pologne reste profondément divisée politiquement, notamment entre le parti national-conservateur Droit et Justice (PiS), désormais dans l’opposition après les élections législatives de 2023, et la coalition libérale-conservatrice dirigée par le Premier ministre Donald Tusk.

Malgré la perte de majorité parlementaire, le PiS conserve la présidence avec Andrzej Duda, qui utilise ses prérogatives pour bloquer l’action gouvernementale. En tant que commandant en chef des forces armées, acteur majeur de la politique étrangère et signataire obligatoire des lois, Duda refuse souvent de promulguer les textes adoptés par le Sejm ou les renvoie au Tribunal constitutionnel, largement contrôlé par des alliés du PiS, ce qui paralyse la législation.

Cette situation empêche Tusk de tenir ses promesses, notamment sur la réforme judiciaire afin de restaurer l’indépendance des tribunaux, et ternit l’image de son gouvernement.

Les candidats face à face : Trzaskowski contre Nawrocki

Avec la fin de son second mandat cette année, Duda ne peut se représenter. Pour Tusk, l’élection du 18 mai est l’occasion d’envoyer au palais présidentiel un allié capable de débloquer sa politique réformatrice.

Le maire de Varsovie, Rafał Trzaskowski, 53 ans, issu de l’élite urbaine, a été désigné candidat lors d’une primaire interne. Ancien ministre, député européen et polyglotte, il s’était incliné de peu face à Duda il y a cinq ans.

Le libéral-conservateur Rafał Trzaskowski

Face à lui, le PiS mise sur Karol Nawrocki, 42 ans, historien et directeur de l’Institut de la Mémoire Nationale. Originaire de Gdańsk, il est politiquement novice et porte une réputation controversée liée à son passé dans le milieu hooligan et de la sécurité privée. Malgré cela, Jarosław Kaczyński, chef du PiS, le présente comme un « candidat citoyen indépendant » pour séduire au-delà de l’électorat traditionnel.

Le nationaliste-conservateur Karol Nawrocki

Outre ces deux favoris, une douzaine d’autres candidats, y compris des représentants de la gauche, des libéraux, des extrémistes de droite et des partisans de Moscou, sont en lice. Parmi eux, Grzegorz Braun, eurodéputé d’extrême droite, s’est fait remarquer pour son geste provocateur allant jusqu’à éteindre des bougies d’un chandelier de Hanoucca avec un extincteur, devenu son emblème de campagne.

Les sondages actuels placent Trzaskowski en tête avec environ 35 % des intentions de vote, suivi de Nawrocki à 25 %.

Une campagne électorale marquée par de vives tensions

Une probable seconde tour se tiendra le 1er juin, très certainement entre Trzaskowski et Nawrocki, dans une course serrée. Une victoire de Nawrocki pourrait prolonger le blocage politique, limitant la capacité de Tusk à gouverner.

La campagne est également marquée par une rivalité personnelle intense entre Tusk et Kaczyński, deux figures issues du mouvement Solidarność qui se sont séparées notamment à cause du traitement de la catastrophe aérienne de Smolensk en 2010, où périrent de nombreux responsables polonais, y compris l’ancien président Lech Kaczyński.

Malgré ces tensions, la Pologne affiche une situation économique solide, avec des taux de croissance élevés et un rôle accru au sein de l’Union européenne. Elle est désormais le quatrième partenaire commercial de l’Allemagne, devant l’Italie et le Royaume-Uni, et aspire à jouer un rôle de leader en Europe aux côtés de la France et de l’Allemagne.

Les divisions sur la coopération internationale

Pourtant, le PiS met en garde contre un rapprochement trop étroit avec l’Allemagne, accusée sans preuves de vouloir asservir la Pologne via l’UE. Kaczyński prône une alliance renforcée avec les États-Unis, un lien maintenu même durant l’ère communiste, malgré les tensions récentes comme l’instauration par Donald Trump de droits de douane de 20 % sur certains produits polonais et les incertitudes sur le maintien des 10 000 soldats américains stationnés en Pologne.

L’agenda politique de Trump, axé sur le protectionnisme et la contestation des médias indépendants, converge avec celui du PiS. Le parti tente même d’obtenir le soutien de l’ancien vice-président américain J. D. Vance pour appuyer Nawrocki, qui peine toutefois à rallier la base électorale du PiS en raison de diverses affaires gênantes.

En réaction, Tusk rejette cette europhobie et appelle à renforcer la coopération européenne, soulignant que la dépendance à la protection américaine face à la Russie est paradoxale pour une Union européenne de 500 millions d’habitants.

Trzaskowski reprend ce discours en promettant de renforcer la position de la Pologne au sein de l’UE et d’investir dans l’industrie, notamment dans le secteur de la défense, pour répondre aux défis internationaux.

Incertaines garanties juridiques

La légitimité du scrutin fait également l’objet de préoccupations. La chambre chargée de contrôler la validité des élections au sein de la Cour suprême polonaise a été mise en place sous le gouvernement PiS, suscitant des doutes sur son impartialité. Une procédure est actuellement en cours devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).

Tomasz Pietryga, expert juridique, rappelle que la Cour suprême a validé sept élections depuis 2017 sans contestation, mais craint que la férocité du contexte politique actuel n’entraîne des contestations pouvant paralyser la nomination du président élu, voire provoquer des troubles sociaux.

Paweł Kuglarz, directeur de l’École allemande de droit à l’université de Cracovie, souligne le risque d’une crise majeure si la chambre déclarait l’élection invalide, ce qui empêcherait tout investiture. Néanmoins, pour cela, il faudrait prouver d’importantes irrégularités, ce qui paraît peu probable compte tenu des contestations déjà évoquées, notamment sur la participation aux débats télévisés.

Dans l’attente, la chambre pourrait suspendre toute décision jusqu’au verdict de la CJUE, reflétant la complexité du contexte institutionnel polonais face à cette présidentielle cruciale.

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source:https://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/polen-enges-rennen-in-der-praesidentschaftswahl-erwartet-110466497.html

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