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Politique et Culture le Jeu du Texte et de la Périphérie

by Sara

Politique et Culture: Le Jeu du Texte et de la Périphérie

Ingénierie des Cultures

La marginalisation d’un intellectuel ou d’un créateur dans la littérature et les arts n’est pas nécessairement due à la médiocrité de sa production, à sa paresse à la promouvoir, ou à l’effet du stress de sa vie sur sa capacité à peaufiner ses créations ou à chercher des portes et fenêtres pour se faire connaître. Cela peut aussi résulter de circonstances qui le dépassent, comme un complot des circonstances ou son éviction par quelqu’un capable de générer une culture particulière ou de s’enthousiasmer pour une autre et de la promouvoir.

L’attention portée à la culture en tant qu’outil de contrôle, moyen de réussite économique ou acquisition de pouvoir et de statut social, a poussé ceux qui poursuivent ces objectifs à encercler toute culture allant à l’encontre de leur intention, et à éloigner tout intellectuel qui ne produit pas des contenus utiles à leur cause. En revanche, ils supportent toute vision ou philosophie aidant à imposer leur trajectoire, au point de souvent créer cette culture de toutes pièces.

Ceci n’est pas limité aux pouvoirs étatiques, notamment dans les régimes autocratiques et totalitaires, mais aussi aux stratégies mondiales visant à la domination. La diffusion du communisme faisait partie intégrante de la quête de l’URSS pour renforcer son influence matérielle dans le monde.

À l’opposé, l’exploitation de la culture libérale reste un pilier de la politique capitaliste occidentale, particulièrement américaine, même si ce parcours a succombé à la propagande et à la tromperie. La Chine a également pris conscience de l’importance de la culture pour préparer le terrain à son projet d’être une puissance mondiale, qu’elle soit bipolaire ou multipolaire ; avec l’espoir de dominer seule le futur espace mondial. Pour ce faire, elle a récemment commencé à créer des groupements et des institutions culturelles notamment en Asie et en Afrique.

Auparavant, deux visions régissaient la perception des puissances coloniales sur la question culturelle : la vision française visait à déraciner les cultures des pays colonisés et à implanter la culture française par la force. En revanche, la vision anglaise orchestrait les cultures discrètement, selon le principe fondamental de l’empire britannique « diviser pour régner », au service du but ultime des Britanniques : s’emparer des ressources économiques.

Élites Construites

Ces visions ne sont pas simplement des déclarations de desiderata, mais se traduisent en actions concrètes, chaque mesure appelant ses partisans, chaque objectif attirant ses suiveurs, pas nécessairement convaincus, mais cherchant à en tirer un bénéfice. Ainsi, l’URSS et les États-Unis, tout comme l’Angleterre et la France avant eux, avaient des élites qu’ils ont encouragées ou créées pour diffuser leurs idées dans les sociétés, ouvrant pour eux des institutions, des plateformes et des publications.

De nombreuses gouvernements des pays du tiers monde, après leur indépendance, ont suivi la même voie, cherchant des porte-paroles pour diffuser leur discours ou pour justifier les actions des décisionnaires, embellir leur image et vendre ce qui est disponible aux gens comme le meilleur accessible, les appelant à patienter face à la pauvreté, l’injustice et l’humiliation.

Parce qu’il est dans l’intérêt des aspirants à l’hégémonie ou au contrôle, qu’ils soient des puissances coloniales, des multinationales, des organisations transfrontalières ou des idéologies, de voir leurs alliés en tête de scène, ils n’hésitent pas à dépenser de l’argent et des efforts pour y parvenir, fabriquant des icônes qui garantissent que les résultats de cela, peu importe le coût, seront grands.

Le Créateur Véritable

Dans les temps anciens, les intellectuels – qu’ils soient poètes, écrivains ou scientifiques – étaient soumis à des circonstances spécifiques imposées par le pouvoir et l’argent, faisant d’une idée ou d’une école artistique et culturelle le point de référence dominant. Les livres plaisant aux califes et riches seigneurs étaient multipliés par les copistes, atteignant les bibliothèques et les mains des contemporains et des futures générations. À l’inverse, beaucoup de livres importants mais produits en peu de copies disparaissaient avec le temps.

Ce phénomène s’est répété dans toutes les civilisations, surtout avant l’invention de l’imprimerie. Après celle-ci, des raisons supplémentaires sont apparues pour mettre en avant une culture ou un intellectuel par rapport à un autre, les idéologies ouvrant les chemins à leurs écrivains affiliés, les élevant au-dessus de ceux plus talentueux ou prolifiques mais non affiliés.

Bien que l’imposition de noms et d’idées alignées sur des projets coloniaux, par des pouvoirs ou des idéologies, semble éphémère, puiser sa force créative pour rester dans le courant dominant requiert un effort incessant. Une poignée de créateurs résistent, misant sur le peuple et triomphant dans leur art, alors que la majorité se cassent, se retirant dans une profonde désillusion, avec la culture et la société en plus grand perdants.

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