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Le gouvernement nationaliste de Hongrie projette de renforcer la surveillance des organisations non gouvernementales (ONG) recevant des financements étrangers. Un projet de loi déposé mardi vise à instaurer une « liste noire » des ONG perçues comme menaçant la souveraineté nationale. Cette initiative s’accompagne de mesures visant à sanctionner les atteintes aux « valeurs traditionnelles ».
Une législation pour « plus de transparence » dans la vie publique
Le Premier ministre Viktor Orban, connu pour ses positions conservatrices, a présenté ce projet de loi au Parlement hongrois pour accroître, selon lui, la transparence dans la vie publique. Ce texte cible explicitement les ONG et autres médias indépendants qui reçoivent des fonds provenant de l’étranger, accusés d’influencer la société hongroise au détriment de sa souveraineté.
Le gouvernement entend ainsi pouvoir inscrire sur une liste noire toutes les organisations utilisant des financements étrangers pour « influencer la vie publique » et portant atteinte aux « valeurs inscrites dans la constitution hongroise », notamment la définition traditionnelle du mariage entre un homme et une femme.
Contrôles stricts et conditions financières renforcées
Les ONG concernées devront obtenir une autorisation de l’autorité anti-blanchiment pour recevoir des fonds étrangers. Leurs comptes bancaires feront l’objet de contrôles réguliers, et toute transaction non approuvée sera retournée à l’expéditeur si elle est jugée destinée à influencer la vie publique.
Des sanctions sévères prévues
Le projet de loi prévoit également que les ressortissants hongrois détenant une double nationalité soient traités comme des étrangers dans ce cadre. Les organisations recevant clandestinement des fonds étrangers s’exposent à des amendes pouvant atteindre jusqu’à 25 fois le montant reçu en euros. En cas de récidive ou non-respect des sanctions, leurs activités pourraient être totalement interdites en Hongrie.
Une autorité spéciale pour protéger la souveraineté nationale
La décision d’inscrire une organisation sur cette liste noire reviendra à une autorité créée l’année dernière, dotée de larges pouvoirs pour protéger la souveraineté. Cette institution a déjà ouvert des enquêtes contre plusieurs ONG telles que Transparency International ou le portail d’investigation Atlatszo.
Des critiques dénonçant une dérive autoritaire
Avec une majorité parlementaire confortable, la coalition d’Orban semble assurée de faire adopter ce texte. Néanmoins, l’opposition hongroise dénonce un nouvel épisode de « putinisation » du pays, comparant ces mesures à celles de la Russie en matière de contrôle des ONG.
Akos Hadhazy, député d’opposition, a déclaré sur les réseaux sociaux que ce projet de loi était la preuve que le gouvernement ferait « tout ce qui est nécessaire pour conserver le pouvoir ». Il a appelé les citoyens à résister à cette évolution autoritaire.
Depuis plusieurs années, Viktor Orban, proche du président russe Vladimir Poutine, fait l’objet de critiques pour ses attaques répétées contre les ONG et les libertés civiles. En décembre 2023, le Parlement hongrois avait déjà adopté une loi controversée visant à protéger le pays de toute ingérence extérieure, une mesure jugée incompatible avec le droit européen par Bruxelles, qui a engagé une procédure contre la Hongrie.